Portée opérationnelle des options d’évaluation du risque
Responsable de projet |
Sheila O’Brien (Société canadienne du sang) |
Équipe |
Mindy Goldman (Société canadienne du sang) |
Période de financement |
Sept. 2017 — Août 2019 |
Fonds alloués |
168 000 $ |
Ce résumé a été préparé par l’équipe de projet avec le soutien d’un(e) spécialiste en courtage d’informations de la Société canadienne du sang. Avis de non-responsabilité : Ce projet de recherche a été financé par le Programme de subventions de recherche sur les HARSAH, dont l’objectif est de promouvoir la recherche sur d’autres façons d’évaluer les candidats au don de sang ou de plasma afin de faire évoluer les critères d’admissibilité des HARSAH tout en maintenant l’innocuité des réserves de sang. Le Programme est géré par la Société canadienne du sang et Héma-Québec avec le soutien financier du gouvernement fédéral (Santé Canada). Les opinions exprimées dans ce résumé ne reflètent pas nécessairement celles de la Société canadienne du sang ou des gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux du Canada. |
Résumé
Contexte
Il est nécessaire d’obtenir des données probantes afin de déterminer si les systèmes d’approvisionnement en sang peuvent modifier les critères d’admissibilité ou les politiques relatives au don de sang (faisabilité opérationnelle) et de comprendre comment certains changements seraient perçus par les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HARSAH) et les autres personnes concernées. Dans le cadre de ce projet, nous avons évalué la faisabilité de critères potentiels d’admissibilité et étudié dans quelle mesure elles seraient acceptées par les donneurs. Nous nous sommes également penchés sur les possibles répercussions de ces changements sur le bassin de donneurs. Certaines stratégies exigeraient de poser des questions personnelles plus détaillées au sujet des comportements sexuels, ce qui pourrait entraîner l’exclusion de certains donneurs actuellement admissibles. Si les questions paraissent inacceptables pour certains donneurs, il existe aussi la possibilité qu’ils choisissent de ne pas faire de don ou qu’ils n’y répondent pas avec franchise.
Description
Un sondage national des donneurs a été effectué en français et en anglais. Les donneurs ont reçu un des deux questionnaires de l’étude : 1) un questionnaire servant à estimer le pourcentage de donneurs qui seraient exclus si les éventuels critères d’admissibilité étaient adoptés et 2) un questionnaire visant à déterminer le pourcentage de donneurs qui trouvent certaines questions inacceptables. Les donneurs qui ont répondu au deuxième questionnaire devaient préciser s’ils accepteraient d’être interrogés individuellement par téléphone sur la façon dont ils perçoivent les critères d’admissibilité et sur leur ressenti par rapport aux questions portant sur les risques sexuels. Les donneurs étaient invités à participer aux entrevues si au moins une question les mettait mal à l’aise et s’ils répondaient à des quotas prédéfinis d’âge, de sexe et de groupe ethnique.
Résultats
Au total, 31 904 donneurs ont répondu au premier questionnaire et 30 278 donneurs ont répondu au deuxième questionnaire. Le taux de réponse était élevé, avec 87 % de répondants. Des entrevues de suivi (n = 294) ont été menées, et les réponses ont été codées par thème. Le pourcentage de donneurs ayant répondu « oui » à au moins une question utilisée dans d’autres pays (nombre de partenaires, nouveau partenaire ou relation non exclusive) allait de 3,4 % à 6,7 %, et jusqu’à 10 % environ lorsqu’on les combinait. Si on ne prend que les donneurs ayant eu un nouveau partenaire ou des partenaires multiples dans les trois derniers mois, le pourcentage de donneurs non admissibles est beaucoup plus bas (0,66 %). Le pourcentage de donneurs présentant une combinaison de comportements était plus élevé chez les jeunes donneurs (plus de 35 %) et diminuait avec l’âge. Plus de la moitié des donneurs ont répondu « oui » à certaines questions utilisées dans des enquêtes démographiques, comme le fait de ne pas utiliser de préservatif. Les questions suscitant le plus de gêne portaient sur des actes sexuels précis (sexe anal et sexe oral). Parmi les répondants, 6,5 % étaient gênés qu’on leur pose des questions sur un nouveau partenaire sexuel ou qu’on leur demande si leur relation était exclusive, mais ce pourcentage passait à 17,2 % lorsqu’il était question de sexe anal. Les donneurs étaient surtout préoccupés par le fait que les questions étaient trop personnelles, que leur pertinence n’était pas claire et qu’elles rendraient le processus de sélection plus long ou plus complexe. En général, les répondants étaient surtout gênés par le manque de clarté quant à la pertinence des questions, mais pour la question sur le sexe anal, leur préoccupation principale était que le sujet était trop personnel. Très peu de donneurs ont indiqué que les questions auraient une incidence sur leur décision de donner.
Applications
On considère généralement qu’une perte de 3 % des donneurs est proche du maximum pouvant être récupéré par des activités de recrutement et une augmentation de la fréquence de don. Il est clair que si certaines combinaisons de ces questions étaient utilisées au lieu de l’actuelle question sur les HARSAH, il pourrait y avoir des répercussions importantes sur les collectes. C’est particulièrement vrai pour le recrutement et la rétention des jeunes donneurs. Les donneurs sont assez à l’aise si on leur pose des questions sur leurs partenaires, mais pas sur des pratiques sexuelles particulières, comme le sexe anal. Toutefois, si certaines de ces questions étaient utilisées, il serait judicieux de mettre en place un plan de communication expliquant aux donneurs pourquoi on leur pose ces questions. Ces résultats se sont avérés importants dans le choix de la sélection des donneurs basée sur les pratiques sexuelles en 2022.
Considérations futures
Cette étude a porté sur l’impact qu’aurait un certain nombre de questions sur la collecte du sang et le confort des donneurs si celles-ci leur étaient posées. Toute proposition de mise en œuvre nécessiterait une évaluation de la façon dont ces questions permettent d’évaluer le risque. Une autre étude serait également nécessaire afin de déterminer le degré de fiabilité des réponses des donneurs à ces questions.
Publications
O'Brien, S. F., Goldman, M., Robillard, P., Osmond, L., Myhal, G., & Roy, É. (2021). Donor screening question alternatives to men who have sex with men time deferral: Potential impact on donor deferral and discomfort. Transfusion, 61(1), 94–101. https://doi.org/10.1111/trf.16165
Caffrey, N., Goldman, M., Lewin, A., Osmond, L., & O'Brien, S. F. (2022). Behaviour based screening questions and potential donation loss using the "for the assessment of individualised risk" screening criteria: A Canadian perspective. Transfusion medicine (Oxford, England), 32(5), 422–427. https://doi.org/10.1111/tme.12888
Le savoir en action
Les résultats de cette étude ont été utilisés dans le rapport remis par la Société canadienne du sang à Santé Canada dans le but d’obtenir l’autorisation d’adopter d’autres critères d’admissibilité pour les HARSAH (Alternative criteria for Men who have Sex with Men, Source plasma donation, London and Calgary) et afin de guider la mise en œuvre de ce programme en septembre 2021. Ils seront également utilisés dans le rapport qui sera remis à Santé Canada dans le but d’adopter des critères de sélection basés sur les pratiques sexuelles à risque. Cette étude a permis de former les employés des centres de donneurs sur les attentes des donneurs vis-à-vis d’eux et sur les questions auxquelles ils pourraient avoir à répondre.