Parcours d’une donneuse de cellules souches autochtone
Melissa Deleary a reçu l’appel plusieurs années après s’être inscrite au registre.
Faire un don de cellules souches à quelqu’un qu’on ne connaît pas est une décision très personnelle, une démarche hautement altruiste. Pour Melissa Deleary, c’est aussi quelque chose qui fait partie intégrante de son travail de tous les jours.
L’histoire de Melissa commence il y a environ 7 ans. Analyste des politiques de santé à la Fédération des centres d’amitié autochtone de l’Ontario, elle a organisé une activité de recrutement dans son milieu de travail afin d’enrichir le Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang. Pour donner l’exemple, elle a prélevé un échantillon d’ADN de sa propre joue et rempli le formulaire d’inscription.
En juin dernier, alors qu’elle était allée marcher pendant son heure de lunch, la résidente de Toronto a reçu un appel lui disant qu’elle était compatible avec une personne en attente d’un donneur.
Moins de donneurs autochtones
Melissa a eu besoin d’un moment pour absorber la nouvelle. Comme c’est souvent le cas, des années s’étaient écoulées depuis son inscription au registre. Elle a rapidement compris que le patient devait être une personne autochtone étant donné que la compatibilité est meilleure lorsque donneur et receveur sont du même groupe ethnique.
« Je sais qu’il y a moins de donneurs autochtones et qu’à cause de notre patrimoine génétique, les patients autochtones ont plus de chances de trouver un donneur compatible en Amérique du Nord », dit Melissa, qui a des origines dénées et anishnaabées. « C’est un coup de chance de trouver une personne compatible. S’ils m’appelaient, c’est parce que quelqu’un avait vraiment besoin de moi. »
Melissa a rapidement subi les tests requis et quelques semaines plus tard, en août 2019, elle se préparait à faire son don.
Les personnes autochtones représentent moins de 2 % du registre canadien de donneurs de cellules souches.
Il y a une autre source de cellules souches, la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang, qui est une banque publique nationale, mais là encore, une très petite portion des unités proviennent de donneuses de descendance autochtone.
Un devoir citoyen
Un donneur peut être appelé à faire l’un de deux types de dons de cellules souches, selon les besoins du patient : un don de sang périphérique ou de moelle osseuse. Pour le don de sang périphérique, le donneur reçoit une série d’injections pour accroître le volume de cellules souches dans son sang, puis le sang est prélevé par ponction. Pour la moelle osseuse, comme ce fut le cas pour Melissa, le donneur doit subir une intervention chirurgicale faite sous anesthésie.
Melissa ne craignait pas l’opération. Elle estimait que c’était son devoir de citoyenne et une prolongation de son travail, qui l’amène à aider les personnes autochtones à vivre en santé.
Ce qui l’inquiétait, c’était plutôt la santé du patient. Melissa savait qu’une fois qu’elle aurait consenti au don, le receveur commencerait la chimiothérapie en préparation pour la greffe et compterait sur elle pour aller jusqu’au bout de la démarche.
« J’avais peur de tomber malade à la dernière minute ou d’avoir un accident d’auto et de ne pas pouvoir faire mon don », se rappelle Melissa.
La pandémie de COVID-19 ne diminue pas le besoin de donneurs de cellules souches. Pour en savoir plus sur ce besoin et sur l’expérience de donneurs et de receveurs, regardez notre plus récente vidéo.
La chance de sauver ou de prolonger une vie
L’opération s’est bien déroulée et Melissa a bien récupéré de la fatigue et des légères douleurs qui ont suivi. La donneuse a pris une semaine de congé et sa petite fille, Marguerite, 3 ans, est allée chez ses grands-parents pendant quelque temps pour laisser sa maman se reposer.
Marguerite est trop jeune pour comprendre le geste altruiste de sa mère, mais tous les autres membres de la famille, dont la femme de Melissa, sont on ne peut plus fiers, rapporte la principale intéressée. D’autres lui ont envoyé des messages touchants racontant l’histoire de proches qui ont reçu une greffe. « Ils me disent que la personne greffée a pu passer plus de temps avec sa famille et que tout le monde en était très reconnaissant », résume-t-elle.
« Je l’encourage de tout cœur. »
Un donneur de cellules souches peut rencontrer la personne qui a reçu son don après un an, à condition que les deux parties soient d’accord. Pour l’instant, Melissa souhaite simplement à la personne qui a reçu son don que tout aille pour le mieux.
« Je veux qu’elle aille bien, dit Melissa. Je veux qu’elle ait plus de temps, qu’elle vive, qu’elle fasse des choses. Je l’encourage de tout cœur. »
Si elle recevait un autre appel pour faire un don, Melissa n’hésiterait pas, surtout sachant combien il est difficile de trouver des donneurs compatibles pour les patients autochtones.
« Si un membre de ma famille avait besoin d’une greffe, ou même moi, je voudrais que quelqu’un soit là pour nous, que quelqu’un réponde présent. Je voudrais que le maximum soit fait pour leur sauver la vie. »
« Je prends la responsabilité de faire ça pour quelqu’un d’autre. »
La COVID-19 a un impact sur la greffe de cellules souches au Canada. À cause de la fermeture des frontières et de l’annulation de vols, il devient difficile de transporter des cellules souches d’un pays à l’autre. Par conséquent, les centres de greffe du Canada devront sans doute compter plus que jamais sur les donneurs canadiens pour aider les patients en attente de la greffe de cellules souches qui leur sauvera la vie. Nous encourageons les Canadiens de 17 à 35 ans qui sont en bonne santé à s’inscrire en ligne pour recevoir leur trousse de frottis buccal par la poste.