Cord blood donors help fuel Dr. William Stanford’s research and bring hope to leukemia patients
On ne peut jamais vraiment savoir à qui profitera un don de sang de cordon. À la naissance, le sang contenu dans le cordon ombilical et le placenta est riche en cellules souches; une greffe de ces cellules peut sauver la vie de personnes atteintes de cancers du sang ou de maladies héréditaires potentiellement mortelles, entre autres.
Toutefois, avec le consentement de la donneuse, les dons de sang de cordon peuvent également être utilisés à d’autres fins essentielles grâce à notre programme Sang de cordon pour la recherche. Par exemple, si un don contient une quantité insuffisante de cellules souches, il ne pourra pas être mis en banque en vue d’une greffe; par contre, par le biais de notre programme, il pourra être orienté vers un chercheur au Canada.
« Les cellules de sang de cordon sont pour nous inestimables, vu le type de recherches que nous menons », explique le Dr William Stanford, maître de recherches à l’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa.
« Notre expérience nous le montre, tout comme celle de nombreux collègues : si on n’avait pas accès à des cellules de sang de cordon, aucun de nos essais cliniques actuels ne pourrait être mené en clinique. »
Les recherches menées dans le laboratoire du Dr Stanford pourraient un jour changer la donne pour les patients atteints de leucémie myéloïde aiguë, en particulier les 30 à 40 % d’entre eux qui ne répondent pas positivement à la chimiothérapie existante.
Ces travaux portent sur une protéine appelée MTF2, qu’on retrouve dans les cellules souches.
« Il y a quelques années, on a découvert que les patients leucémiques présentant une activité normale de MTF2 survivent généralement bien plus longtemps après une chimiothérapie », explique le Dr Stanford, également titulaire de la Chaire de recherche canadienne en biologie intégrative des cellules souches.
« C’est ce qui nous a poussés à en savoir plus et à comprendre le rôle de cette protéine MTF2. »
De l’utilité des cellules de sang de cordon
Dans leur quête de réponses, le Dr Stanford et ses collègues ont, grâce à des techniques de laboratoire, stoppé la production de MTF2 dans les cellules souches de sang de cordon. Ils ont ensuite testé ces cellules traitées sur des souris et se sont servi des résultats pour mener des expériences sur des cellules leucémiques de patients humains.
En bref, ils ont constaté que la protéine MTF2 est vraiment très, très influente », explique le Dr Stanford.
« Si on n’avait pas accès à des cellules de sang de cordon, aucun de nos essais cliniques actuels ne pourrait être mené en clinique. » Dr William Stanford, maître de recherches, L’Hôpital d’Ottawa
En effet, la protéine MTF2 joue un rôle vital dans la régulation de la survie ou de la mort cellulaire après une chimiothérapie endommageant l’ADN. Des cellules souches présentant une activité normale de MTF2 meurent lorsqu’elles sont exposées à ce type de chimiothérapie. Mais lorsque la MTF2 fait défaut, les cellules se réparent d’elles-mêmes et continuent de se répliquer.
Donc, en plus de survivre, les cellules cancéreuses prolifèrent et font encore plus de ravages.
« Malheureusement, lorsqu’une cellule a été soumise à de la chimiothérapie et qu’elle se répare d’elle-même, les mutations sont ensuite d’autant plus nombreuses. Le cancer devient alors pire qu’avant la chimiothérapie », explique le Dr Stanford.
Percer les mystères de la protéine MTF2
En creusant davantage le rôle de la protéine MTF2, le Dr Stanford et ses collègues ont découvert d’importantes connexions avec d’autres protéines, en particulier la MDM2 et la P53.
Ils ont notamment constaté que les cellules souches présentant une faible activité de MTF2 ont un taux élevé de MDM2, car un gène particulier se trouve anormalement activé. À l’inverse, un taux élevé de MDM2 est associé à un faible taux de P53.
Ce dernier constat est frappant, car on savait déjà que les patients leucémiques porteurs d’une mutation du gène qui contrôle la production de la protéine P53 sont à risque élevé.
« Ce sont les patients les plus à risque », déclare le Dr Stanford. « Même avec une greffe de moelle osseuse, seul un de ces patients sur dix survit plus de quelques années. »
Pour comprendre la relation entre ces protéines, on peut faire le parallèle avec la réaction humaine au stress.
- Lorsqu’on n’a pas assez de temps pour accomplir ses tâches (faible MTF2), le stress est élevé (MDM2).
- Lorsque le stress (MDM2) est élevé, l’énergie (P53) est en baisse.
- Et lorsque l’énergie (P53) est en baisse, la productivité (la réponse à la chimiothérapie) est faible.
Le Dr Stanford et son équipe ont décidé de se concentrer sur la partie « stress » de l’équation, soit la protéine MDM2. Ils savaient déjà qu’une catégorie particulière de médicaments, connus sous le nom d’inhibiteurs de MDM2, bloquent la production de MDM2. Donc, tout comme une personne surchargée (qui n’arrive pas à fabriquer davantage de temps) pourrait essayer des exercices de respiration pour réduire son stress, les chercheurs ont testé les inhibiteurs de MDM2 sur les cellules de sang de cordon.
Résultat : le taux de MDM2 baisse et le taux de P53 augmente, ce qui rend les cellules vulnérables à la chimiothérapie.
D’autres expériences suscitent un vif enthousiasme
Les résultats prometteurs des cellules de sang de cordon ont éclairé la deuxième série d’expériences, qui consistaient à tester les inhibiteurs de MDM2 sur les souris.
Les chercheurs ont commencé par greffer des cellules leucémiques humaines sur les rongeurs. Un premier groupe de souris a reçu des cellules de patients qui avaient répondu positivement à la chimiothérapie. Le deuxième groupe a reçu des cellules de patients porteurs d’une maladie résistante (le type associé au taux plus élevé de protéine MDM2).
Les souris ont ensuite développé une leucémie similaire à celle de leurs homologues humains et ont reçu une chimiothérapie. Comme prévu, les souris atteintes d’une leucémie résistante sont finalement mortes, tandis que les autres ont survécu.
Mais lorsque les chercheurs ont administré une chimiothérapie et un inhibiteur de MDM2 aux souris des deux groupes, toutes ont survécu.
« Imaginez notre fébrilité! », s’enthousiasme le Dr Stanford.
Les dons de sang de cordon : une « précieuse ressource »
Dans les faits, les conclusions de l’équipe, publiées en 2018, ont ouvert la voie à un essai clinique en cours visant à évaluer le potentiel des inhibiteurs de MDM2 dans le traitement de la leucémie. Parallèlement, les chercheurs continuent à étudier les gènes contrôlés par la protéine MTF2.
Le Dr Stanford espère que ces travaux mèneront à des thérapies plus efficaces pour les leucémies les plus résistantes et, possiblement, à des traitements moins nocifs pour les autres. Il aura par ailleurs toujours besoin de dons de sang de cordon pour faire avancer ses recherches.
« Ces dons sont une précieuse ressource. On se sent vraiment très reconnaissant à chaque fois qu’on reçoit un échantillon », assure-t-il. « Sans ces dons, il y a des recherches que nous ne pourrions pas mener. »
Fait intéressant : de nouvelles thérapies éprouvées pourraient à leur tour augmenter les besoins en dons de sang de cordon et de cellules souches adultes (notamment des personnes inscrites au registre de donneurs de cellules souches). Car, pour de nombreux leucémiques, la greffe de cellules souches est le seul espoir d’une guérison permanente après une rémission à la suite d’un premier traitement.
Sang de cordon : comment donner
Nous acceptons les dons de sang de cordon dans quatre hôpitaux canadiens. Si vous pensez accoucher dans l’un d’entre eux, vous pouvez vous préinscrire pour faire un don à notre banque publique nationale de sang de cordon. Immédiatement après la naissance, l’un de nos spécialistes viendra recueillir le placenta et le cordon ombilical directement auprès du personnel de l’hôpital, sans que vous et votre nouveau-né soyez dérangés. Si le sang de cordon est admissible à une mise en banque, l’un de nos spécialistes viendra vous poser quelques questions complémentaires d’ordre médical avant votre congé.
Dans la mesure du possible, les dons de sang de cordon sont conservés en vue d’éventuelles greffes à venir. Mais nous encourageons toutes les donneuses à consentir à ce que leur don puisse également être utilisé pour la recherche. Ainsi, si le sang de cordon recueilli ne peut être mis en banque, il pourrait être d’une importance vitale dans la chaîne de vie du Canada.