Programme de recherche HARSAH
Rapport provisoire de synthèse des connaissances
Programme de recherche HARSAH (PDF)
mars 2020
En bref
La Société canadienne du sang et Héma-Québec ont le mandat de veiller à la sécurité et à la suffisance des réserves nationales de sang. Les deux organismes sont soucieux de faire progresser le système de sang du Canada. Ils continuent de mener des activités visant à faire évoluer l’admissibilité au don de sang des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). C’est dans ce but que, par le biais du Programme de recherche HARSAH — une initiative nationale unique mise sur pied spécifiquement pour générer des connaissances scientifiques —, les deux fournisseurs de sang appuient quinze projets de recherche.
Les équipes de recherche ont présenté leurs résultats préliminaires lors d’un forum de synthèse des connaissances (« le forum »), qui s’est tenu les 6 et 7 novembre 2019. Les chercheurs ont alors discuté avec les participants des implications et de l’impact potentiel de leurs découvertes. L’événement, organisé par la Société canadienne du sang et Héma-Québec, a réuni diverses parties concernées : organismes et fournisseurs de sang d’autres pays, Santé Canada, Agence de la santé publique du Canada, communautés LGBTQ+ et associations de patients. Le présent rapport fait un survol des résultats préliminaires des travaux et des discussions qui ont eu lieu.
Les discussions ont tourné autour de trois grands principes : acceptabilité, sécurité et faisabilité.
D’après les discussions du forum, les participants étaient satisfaits du volume de données générées jusqu’à présent, du dévouement des équipes de recherche et des parties concernées ainsi que de l’engagement des fournisseurs de sang canadiens. Il est également ressorti que les fournisseurs de sang doivent mieux communiquer l’information concernant les critères d’admissibilité des donneurs ainsi que les données probantes à l’appui de ces critères. La recherche doit se poursuivre si l’on veut continuer de bâtir un corpus de données qui appuiera l’évolution de la politique d’admissibilité des HARSAH au don de sang au Canada.
Évolution des critères d’admissibilité des donneurs
Au début du forum, les participants ont reçu une brève explication du processus que les fournisseurs de sang doivent suivre pour modifier un critère d’admissibilité. Ils ont également pu prendre connaissance de l’évolution du critère d’admissibilité appliqué au Canada pour les HARSAH*.
Il y a deux fournisseurs de sang au Canada : la Société canadienne du sang et Héma-Québec. C’est à eux que revient la responsabilité de fournir des composants et des produits sanguins sûrs et de veiller à ce que l’approvisionnement soit suffisant pour répondre aux besoins des patients. Au Canada, le sang et les composants sanguins destinés à la transfusion et à la transformation en médicaments à usage humain sont réglementés. La réglementation, qui est sous la responsabilité de Santé Canada, a pour but de protéger les patients et de garantir la suffisance des produits à l’échelle nationale. Elle s’étend aux critères d’admissibilité des donneurs, qui font partie d’un ensemble d’éléments mis en place pour assurer l’innocuité des réserves de sang.
Procédure de modification
Avant de pouvoir modifier leurs critères d’admissibilité, les fournisseurs de sang doivent présenter une demande à Santé Canada. La demande doit justifier le changement proposé et être accompagnée de suffisamment de données démontrant que la modification n’augmentera les risques ni pour l’innocuité des réserves ni pour la capacité à fournir les volumes requis. Les données probantes proviennent en grande partie de travaux de recherche, d’études de surveillance et de consultations des parties prenantes.
Admissibilité des HARSAH au don de sang
Chaque donneur de sang est évalué avant chaque don afin de vérifier qu’il répond aux critères d’admissibilité. L’un des éléments importants de cette évaluation réside dans le questionnaire pré-don. Ce questionnaire, très complet, comprend des questions sur l’état de santé du donneur ainsi que sur le risque qu’il ait été exposé à des maladies infectieuses transmissibles par transfusion.
En 1988, après qu’il a été établi que les HARSAH constituaient une population particulièrement à risque pour le VIH/sida, le Canada a décidé de les exclure du don de sang indéfiniment. Mais depuis plus de dix ans, les fournisseurs de sang canadiens travaillent à assouplir graduellement le critère, toujours en se basant sur des données factuelles.
En ce moment, le questionnaire pré-don canadien demande aux hommes s’ils ont eu une relation sexuelle avec un autre homme dans les trois derniers mois. Depuis juin 2019, les hommes peuvent donner du sang si leur dernier rapport sexuel avec un homme remonte à plus de trois mois.
Pour plusieurs, cette approche constituant à évaluer les donneurs de sang selon les risques que présente une population est discriminatoire. Changer cette façon de faire devient pour eux une question de justice sociale. L’avancement des techniques d’analyse, l’amélioration de la gestion des réserves ainsi que la multiplication des données scientifiques ont mené à l’assouplissement du critère visant les HARSAH. Ces changements sont survenus dans un contexte social et politique en pleine évolution. Pour assouplir davantage les critères d’admissibilité des HARSAH, il nous faut obtenir un corpus de données montrant que les changements proposés n’auront aucune répercussion négative ni sur l’innocuité des réserves de sang ni sur la capacité d’approvisionnement.
L’objectif du Programme de recherche HARSAH est de générer des données factuelles qui permettront de développer des façons d’évaluer les candidats au don de sang ou de plasma selon des critères autres que les critères actuels afin de favoriser l’assouplissement des critères d’admissibilité des HARSAH tout en maintenant l’innocuité des réserves de sang.
Création de connaissances
La Société canadienne du sang et Héma-Québec ont mis sur pied le Programme de recherche HARSAH (« le Programme ») à la suite d’une rencontre tenue en janvier 2017 pour identifier les priorités de recherche en consultation avec les parties concernées. Le Programme subventionne quinze projets de recherche novateurs qui ont pour but de combler les lacunes dans les connaissances. Il est fondé sur une stratégie de mobilisation des connaissances qui priorise l’engagement des parties prenantes, la communication des résultats des travaux et la synthèse efficace de ces résultats. Les données générées serviront à faire progresser les critères d’admissibilité des HARSAH au Canada et pourraient inspirer d’autres pays. Le Canada est le seul pays à avoir un programme aussi pointu.
Plusieurs des projets financés par le Programme sont toujours en cours et les résultats devraient être publiés majoritairement en 2020 et 2021. Les chercheurs ont présenté leurs résultats préliminaires lors d’un forum de synthèse des connaissances tenu à Toronto en novembre 2019. Ce forum constituait le début du processus d’intégration des découvertes réalisées jusqu’à maintenant. Outre les chercheurs, le forum a réuni des experts du Canada et d’autres pays (États-Unis, Royaume-Uni, France et Australie), des membres des communautés LGBTQ+ et d’associations de patients ainsi que des représentants de Santé Canada et de l’Agence de la santé publique du Canada.
Ayant reçu à l’avance un résumé des travaux de recherche, les participants ont pu prendre une part active aux discussions. La section ci-après brosse un tableau de l’avancement des travaux présentés ainsi que les points saillants des discussions.
Plus de 82 % des participants estimaient que le forum avait atteint ses objectifs (par résultats d’un sondage post-forum), à savoir :
- Informer les participants de l’évolution des recherches à l’échelle mondiale depuis la rencontre de 2017 sur l’établissement des priorités du Programme.
- Faciliter le transfert des connaissances déjà générées par le Programme.
- Commencer la synthèse des connaissances générées jusqu’à présent avec un double objectif :
- identifier les lacunes qu’il reste à combler et celles qui ont fait surface;
- déterminer comment appliquer les connaissances générées pour faire évoluer la politique d’admissibilité des HARSAH.
Synthèse des données
État d’avancement des projets
Les sessions du forum étaient organisées en fonction des priorités du Programme†. Chaque session présentait trois ou quatre projets et chaque projet portait sur au moins l’une des priorités.
Définition de critères d’admissibilité alternatifs
Les résultats indiquent que beaucoup de gbHARSAH sont en faveur d’un changement aux critères d’admissibilité. Très nombreux sont ceux qui seraient disposés à donner du sang s’ils étaient admissibles. Des travaux sont en cours pour examiner les questions de respect de la vie privée, de confidentialité et d’accès au don de sang pour les gbHARSAH, qu’ils vivent en milieu rural ou en milieu urbain. D’autres étudient l’expérience du don de sang pour divers groupes de gbHARSAH, par exemple ceux qui s’identifient comme Africains, Caribéens ou Noirs. Cette session, tout comme la suivante et les discussions du forum, a fait ressortir l’importance de réparer les liens avec les communautés ou groupes affectés.
Acceptabilité de politiques alternatives
Selon les critères d’admissibilité actuels, les HARSAH sont considérés comme une population et le risque de transmission de maladie infectieuse est évalué pour la population plutôt qu’en fonction du comportement d’un individu. La majorité des gbHARSAH sondés estiment cette façon de faire discriminatoire et donc inacceptable. Les études ont également fait ressortir le fait que dans le questionnaire pré-don, l’ordre des questions (plus précisément la proximité entre les questions pour les HARSAH et des questions associées à des comportements stigmatisés) peut amener les personnes qui remplissent le questionnaire à avoir des préjugés négatifs envers les gbHARSAH. Les gbHARSAH qui ont participé à une autre étude ont démontré une compréhension limitée du programme de don de plasma et ont manifesté un enthousiasme restreint à l’idée de donner du plasma pour fabriquer des protéines plasmatiques (type de médicaments). Les recherches tentent d’établir s’il serait acceptable d’évaluer les donneurs selon les comportements individuels (plutôt que l’approche englobant l’ensemble de la population HARSAH), et les répercussions qu’un tel changement aurait sur les intentions des donneurs actuels et les taux de non-admissibilité.
Modélisation des risques
La modélisation des risques est utilisée pour évaluer si des changements aux critères d’admissibilité des donneurs auraient des répercussions sur la sécurité et la suffisance de l’approvisionnement en sang.
L’un des projets financés par le Programme a ainsi évalué le risque supplémentaire que poserait la réduction à trois mois de la période de non-admissibilité des HARSAH. Les résultats ayant démontré que ce risque serait très faible, une demande en faveur de la période de trois mois a été présentée à Santé Canada en 2019. Une étude examine les taux de prévalence et d’incidence du VIH dans une population gbHARSAH identifiée comme étant à faible risque du point de vue des comportements sexuels. Sont également à l’étude plusieurs indicateurs qui pourraient être utilisés pour faire une sélection basée sur le comportement des donneurs pris individuellement.
Faisabilité opérationnelle
La faisabilité opérationnelle permet de déterminer s’il est possible d’évaluer chaque donneur à partir de questions sur les risques qui lui sont propres (ex. : nombre de partenaires sexuels, nombre de nouveaux partenaires, comportements sexuels). Selon les résultats préliminaires, appliquer une méthode d’évaluation individuelle à l’ensemble des donneurs pourrait faire augmenter le nombre de personnes non admissibles, en particulier dans les tranches d’âge plus jeunes. L’adoption d’une telle méthode pourrait entraîner une perte significative de donneurs admissibles. D’autres études se penchent sur la faisabilité d’un programme de don de plasma pour les HARSAH. Bien que des participants gbHARSAH aient exprimé un certain intérêt pour ce type de programme, il y a plusieurs obstacles, notamment le manque de connaissances sur le don de plasma, la stigmatisation associée à toute différence dans la façon d’évaluer l’admissibilité des HARSAH et le fait que les gbHARSAH sexuellement actifs ne seraient toujours pas admissibles au don de sang total.
Application des connaissances générées
Les discussions sur les résultats préliminaires des recherches ont gravité autour de trois grands principes : l’acceptabilité, la sécurité et la faisabilité. Chacun de ces principes peut être appliqué aux différentes approches étudiées par les projets de recherche (ex. : période de non-admissibilité imposée à l’ensemble d’une population; évaluation des risques individuels appliquée à l’ensemble des donneurs ou uniquement aux HARSAH, que ce soit pour le don de sang total ou de plasma).
Acceptabilité
- Même si la politique actuelle basée sur le risque populationnel a permis un raccourcissement de la période de non-admissibilité, il est peu probable que le changement génère beaucoup de nouveaux donneurs. Le changement ne règle pas non plus la perception que la politique est discriminatoire.
- Il y a eu une longue discussion sur l’utilisation d’une question de « démarcation », c’est-à-dire une question qui identifierait les HARSAH et les dirigerait vers des questions vérifiant s’ils ont des comportements à risque. Il n’est pas certain que cette approche soit acceptable pour les gbHARSAH, même si cette solution était vue comme un pas vers des critères plus inclusifs et pourrait mener à l’admissibilité de gbHARSAH présentant un faible risque d’exposition à une maladie infectieuse.
- Les méthodes d’évaluation les plus acceptables sont celles qui sont perçues comme étant équitables (c’est-à-dire applicables à tout le monde).
- Les donneurs (et la population en général) doivent comprendre les raisons derrière les questions posées aux donneurs de même que les raisons expliquant les périodes de non-admissibilité (pas seulement celles imposées aux HARSAH). Peu importe l’approche qui sera adoptée, il est clair qu’il faudra une stratégie coordonnée d’éducation et de communication afin que toutes les parties — donneurs potentiels, donneurs actuels, patients et associations de patients — comprennent les critères d’admissibilité ainsi que les raisons pour lesquelles ils doivent être respectés.
Sécurité
- Le projet de modélisation des risques a servi d’assise à la demande présentée à Santé Canada pour raccourcir à trois mois la période que doit attendre un homme depuis son dernier rapport sexuel avec un autre homme.
- Les experts présents au forum étaient d’accord pour dire qu’une fois les études en cours terminées, nous disposerons de données plus complètes pour étayer les études de modélisation des risques et les éventuelles modifications aux critères d’admissibilité.
- Bien qu’il y ait eu des discussions sur l’évaluation des donneurs en fonction de certains indicateurs de comportement à risque (ex. : demander le nombre de partenaires sexuels), il faudra plus de recherches pour déterminer les indicateurs les plus efficaces, acceptables et applicables.
Faisabilité
- Avant d’envisager de poser à tous les donneurs des questions sur les comportements à risque, il est essentiel de considérer les répercussions que cela pourrait avoir sur les donneurs actuellement admissibles. Perdre un grand nombre des donneurs actuels pourrait nuire à la capacité des fournisseurs de sang de maintenir des réserves de sang suffisantes pour répondre aux besoins de la population canadienne.
- Quelle que soit l’approche, pour qu’elle porte fruit, il est essentiel d’expliquer clairement pourquoi les donneurs doivent répondre à des questions d’admissibilité, en particulier celles qui peuvent les rendre mal à l’aise et les dissuader de donner.
- Si les donneurs potentiels devaient fournir des renseignements sensibles ou à caractère potentiellement stigmatisant, il faudrait assurer la confidentialité de ces renseignements (protection de la vie privée). Le risque de stigmatisation pourrait être un obstacle au don pour certains HARSAH.
- Les gbHARSAH participant à l’étude ont manifesté un certain intérêt pour le programme de don de plasma, d’où provient le plasma utilisé pour fabriquer les protéines plasmatiques à usage thérapeutique. Il faut davantage d’éducation sur le don de plasma. Deux projets de recherche sont en cours pour évaluer la faisabilité d’un tel programme.
Nouveaux défis associés aux critères d’admissibilité
Prophylaxie pré-exposition (PrEP) et prophylaxie post-exposition (PPE)
À l’heure actuelle, Santé Canada oblige les fournisseurs de sang à déclarer non admissible au don de sang toute personne prenant la PrEP/PPE. La PrEP/PPE peut retarder le délai entre l’infection et la détection, et, de ce fait, nuire aux tests de dépistage des maladies infectieuses pratiqués sur les dons de sang. Cette question nécessite des recherches plus approfondies.
I ≠ I en matière de transfusion sanguine
I = I ou « indétectable = intransmissible » est une campagne d’information mondiale sur l’efficacité des médicaments anti-VIH pour prévenir la transmission du VIH par voie sexuelle. La campagne s’appuie sur des études scientifiques prouvant que lorsque la charge virale est faible (moins de 200 copies/ml), le risque de transmission sexuelle du VIH est de zéro. Cette campagne ne s’applique pas à la transfusion sanguine parce que, durant une transfusion, un important volume de sang est injecté par voie intraveineuse, c’est-à-dire directement dans le flux sanguin. Ce que cela signifie, c’est que même une très petite quantité de particules virales pourrait transmettre l’infection. Chaque don de sang est soumis à un test de dépistage du VIH, mais le test n’est peut-être pas assez sensible pour dépister une charge virale faible. Par conséquent, il est important que le public comprenne le risque potentiel pour le système du sang ainsi que la nécessité de dévoiler leur statut VIH et de s’abstenir de donner du sang.
Personnes trans
Il y a un manque de données et de recherches sur les critères d’admissibilité pour les personnes trans et non binaires. Bien que les travaux du Programme n’étudient pas précisément le don de sang en relation avec les personnes trans, il a souvent été question des répercussions qu’avaient, sur les communautés trans, les critères d’admissibilité des HARSAH. Il est ressorti que c’est là une question qui nécessite plus de recherches et d’attention de la part des fournisseurs de sang.
96 % des participants étaient d’accord pour dire que le forum leur a donné l’occasion de participer activement aux discussions.
Résultats d’un sondage post-forum
Café du savoir
Le forum comprenait un « café du savoir », où les participants étaient divisés en trois groupes qui devaient se concentrer sur trois questions (qu’avons-nous appris?; quelles sont les implications?; comment partager les nouvelles connaissances?). Les réponses à chaque question ont été consignées et compilées. Ci-dessous quelques-unes des opinions exprimées.
Quelle recherche avez-vous trouvé la plus pertinente ou la plus importante?
Les participants :
- ont apprécié le volume de données générées, le dévouement des équipes de recherche et l’engagement de la Société canadienne du sang et d’Héma-Québec à faire progresser les critères d’admissibilité des HARSAH au don de sang.
- ont reconnu la difficulté de définir des critères d’admissibilité plus inclusifs tout en veillant à ce que le sang soit sûr et les quantités suffisantes.
- ont trouvé très pertinente l’étude indiquant que l’ordre des questions dans le questionnaire pré-don pouvait involontairement entraîner des préjugés.
- ont trouvé importantes les études soulignant qu’il faudra réparer les liens avec les communautés touchées.
- ont indiqué que pour faire progresser les politiques sur le don de sang, il était essentiel d’être inclusif, d’amener les voix marginalisées au centre et d’inclure les perspectives des personnes trans ainsi que celles des groupes ethniques ou multiculturels.
Quelles lacunes avez-vous notées dans les recherches ou dans l’information fournie?
Les participants ont noté :
- un manque de données sur :
- les donneurs trans;
- les Africains, Caribéens et Noirs, et groupes marginalisés au sein des communautés LGBTQ+.
- des lacunes dans la recherche entourant :
- les répercussions qu’entraîneraient d’autres changements aux critères (qui commencera à donner du sang et qui arrêtera);
- l’impact que l’innovation et les nouvelles technologies (notamment pour la réduction des agents pathogènes) pourraient avoir sur les fondements des critères d’admissibilité;
- la façon d’identifier les HARSAH sexuellement actifs présentant un risque faible;
- les questions qui pourraient être posées à tous les candidats au don pour évaluer leur admissibilité sans égard aux spécificités de genre ou selon les comportements à risque qu’ils présentent individuellement;
- l’évaluation des donneurs trans.
- les besoins :
- mieux informer, en particulier les personnes qui ne sont pas admissibles pour les aider à comprendre les raisons de leur non-admissibilité;
- collaborer davantage avec les groupes marginalisés, dont les personnes trans et les gbHARSAH africains, caribéens et noirs;
- expliquer plus clairement les raisons scientifiques derrière les critères d’admissibilité actuels et futurs.
Selon vous, quelles répercussions ces recherches auront-elles sur vous ou votre communauté?
Réponses des participants :
- Les associations de patients disent être conscientes que les critères d’admissibilité actuels sont perçus comme discriminatoires et constituent un enjeu de justice sociale. Elles croient que les données générées par les recherches continueront d’assurer l’innocuité et la suffisance de l’approvisionnement en sang.
- Faisant écho aux résultats des recherches, plusieurs participants jugent nécessaire de réparer les liens avec les communautés que les critères affectent depuis longtemps, en particulier les gbHARSAH africains, caribéens et noirs.
- Certains estiment que les fournisseurs de sang ont une responsabilité envers les communautés concernées et doivent bien réfléchir à la façon dont ils présenteront toute nouvelle proposition ou façon d’évaluer l’admissibilité des HARSAH au don de sang (ex. : programme de don de plasma, question pour diriger les HARSAH vers des questions supplémentaires).
Compte tenu des résultats actuels, que suggérez-vous à la Société canadienne du sang et à Héma-Québec comme prochaines actions ou étapes pour faire progresser les critères d’admissibilité?
Suggestions des participants :
- Changer l’ordre des questions ou les repositionner de manière à réduire le préjudice que l’ordre actuel cause aux gbHARSAH.
- Les fournisseurs de sang doivent améliorer et actualiser leurs communications, leur marketing social et leurs efforts de sensibilisation; l’information doit être plus facilement accessible qu’elle ne l’est maintenant. De meilleures stratégies de communication et d’éducation pourraient améliorer les relations avec les communautés concernées.
- Les organismes de réglementation et les fournisseurs de sang doivent être plus transparents quant aux données probantes requises pour apporter d’autres changements.
Comment voyez-vous le partage et l’utilisation des connaissances générées par le Programme?
Les participants ont dit :
- la diffusion des connaissances doit être adaptée aux publics cibles, être faite au bon moment et avoir un objectif clair. Donner suite à la démarche de modification des critères d’admissibilité est essentiel.
- les publics cibles doivent inclure les employés des fournisseurs de sang (pour donner confiance aux gens qui reçoivent du sang et à ceux qui en donnent); la prochaine génération de chercheurs, cliniciens et autres professionnels de la santé; étudiants; communautés LGBTQ+ et associations de patients.
- il faut mettre à la disposition du public plus d’information sur les raisons justifiant les périodes d’exclusion.
- il faut considérer la diffusion des connaissances dans une optique d’équité sociale (pour qui, par qui); l’inclusion et la participation des groupes de la diversité tout au long du processus de diffusion sont importantes.
Comment la Société canadienne du sang et Héma-Québec devraient-ils diffuser les résultats des recherches?
Les participants ont dit :
- les communications doivent être produites d’une manière n’entraînant ni stigmatisation ni discrimination.
- il faut prendre la sécurité en compte et déterminer comment éviter de stigmatiser les communautés et les groupes marginalisés.
- il faut être conscient que les recherches ne présenteront pas un intérêt pour tous les groupes (ex. : trans, gbHARSAH africains, caribéens et noirs); utiliser une approche croisée dans les communications avec divers groupes.
- travailler en collaboration avec les groupes communautaires (ex. : créer du matériel conjoint pour que les valeurs et les perspectives des communautés soient prises en compte), mais reconnaître que la responsabilité de communiquer efficacement revient aux fournisseurs de sang et non aux communautés.
- les traditionnels rapports écrits ne sont peut-être pas la meilleure façon de transmettre l’information à tous les groupes cibles; il faut considérer d’autres options, comme le multimédia, les réseaux sociaux, les vidéos, les webinaires…
Prochaines étapes
La plupart des projets de recherche sont toujours en cours. Certaines collaborations ainsi que la diffusion des résultats devraient se poursuivre une fois les projets terminés.
Les fournisseurs de sang :
- assureront la circulation à l’interne de ce qui a été dit et appris pendant le forum afin de faire connaître les résultats des recherches et les défis, et d’étayer les changements;
- s’engagent à synthétiser les connaissances et à diffuser les résultats de recherche au fur et à mesure que les projets se termineront;
- poursuivront leur collaboration de bonne foi avec les parties prenantes dans le but de définir des critères d’admissibilité au don de sang plus inclusifs pour le Canada;
- produiront du matériel éducatif afin que les donneurs, le public et leur propre personnel aient accès à de l’information expliquant les critères d’admissibilité et les périodes de non-admissibilité.
- continueront leur travail pour améliorer l’évaluation des donneurs, ce qui signifie entre autres revoir l’ordre des questions associées au HARSAH dans le questionnaire pré-don afin d’éviter tout préjudice involontaire.
Vous aimeriez en savoir plus sur les recherches subventionnées par le Programme de recherche HARSAH?
Veuillez communiquer avec le Centre d’innovation de la Société canadienne du sang à l’adresse centreforinnovation@blood.ca
Remerciements
Le forum de synthèse des connaissances a été organisé par la Société canadienne du sang et Héma-Québec, qui ont mis sur pied le Programme de recherche HARSAH et continuent d’en assurer l’administration. Le Programme est financé par Santé Canada. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement celles de la Société canadienne du sang, d’Héma-Québec ou du gouvernement du Canada.
La Société canadienne du sang et Héma-Québec remercient sincèrement les chercheurs et les participants au Forum de synthèse des connaissances de 2019 pour leur contribution engagée et passionnée. Les deux fournisseurs de sang remercient également les nombreuses personnes et parties prenantes qui, depuis plus de dix ans, participent activement aux efforts pour faire progresser la politique de don pour les HARSAH.
Le présent rapport expose uniquement les points saillants du forum de 2019. Nous tenons à assurer les participants que nous avons consigné toutes les informations concernant les présentations et discussions qui ont eu lieu et que nous travaillons à les intégrer aux procédés internes afin de stimuler les progrès.
Footnotes
Préparé par : Geraldine Walsh, Jennie Haw et Sophie Chargé, du Centre d’innovation de la Société canadienne du sang, en consultation avec le comité de planification du Programme de recherche HARSAH : Chris Brennan1, Gilles Delage2, Dana Devine1, Marc Germain2, Mindy Goldman1, Don Lapierre1, Sheila O’Brien1 et Adrienne Silver1 (1Société canadienne du sang; 2Héma-Québec)
Par HARSAH, on entend tous les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, peu importe la façon dont ils s’identifient. L’acronyme est utilisé pour définir certains critères et programmes (ex. : critères d’admissibilité des HARSAH, Programme de recherche HARSAH). L’abréviation gbHARSAH regroupe les hommes gais, bisexuels et autres hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes. Cette abréviation est utilisée pour désigner spécifiquement les membres de ces communautés.
Priorités du Programme de recherche HARSAH : fournir les données nécessaires pour élaborer une politique d’évaluation individuelle (basée sur le comportement de chaque donneur) ou consolider la politique actuelle (fondée sur l’ensemble d’une population de donneurs); évaluer la faisabilité opérationnelle et l’acceptation, par la population canadienne, de critères d’admissibilité alternatifs; effectuer une modélisation et une surveillance des risques pour évaluer les risques associés à des politiques de sélection alternatives; évaluer les répercussions que pourraient avoir sur la sélection des donneurs d’autres moyens de réduire les risques.
Ressources complémentaires
Fournisseurs de sang
Parties prenantes qui ont participé au forum*
- Société canadienne de l’hémophilie
- Centre de recherche communautaire
- Immunodéficience Canada
- Pride London Festival (site en anglais)
- Association d’anémie falciforme du Canada
- Thalassemia Foundation of Canada (site en anglais)
*Les organismes suivants ont été invités au forum mais n’ont pu y participer : l’Organisation canadienne des personnes immunodéficientes, la COCQ-SIDA et le Centre canadien pour la diversité et l’inclusion.
Programme de recherche HARSAH
- Description des projets de recherche
- Réunion internationale 2017 (en anglais)
- Deuxième vague de financement
- Blogue RED, décembre 2018 (en anglais)
- Blogue RED, mai 2019 (en anglais)
Liens vers des publications liées au Programme de recherche HARSAH
- Goldman et al., 2018: Donor deferral policies for men who have sex with men: past, present and future (article disponible en ligne gratuitement)
- Caruso et al., 2019: 'One step closer': Acceptability of a programme of plasma donation for fractionation from men who have sex with men (article disponible en ligne gratuitement)
- Davison et al., 2019: Changing the deferral for men who have sex with men - an improved model to estimate HIV residual risk
- Grace et al., 2019: Gay and Bisexual Men's Views on Reforming Blood Donation Policy in Canada: A Qualitative Study (article disponible en ligne gratuitement)
- O’Brien et al., 2019: HIV residual risk in Canada under a three-month deferral for men who have sex with men
Suggestions de lecture
- Blogue RED, novembre 2016 The things we do for safety: Leukoreduction
- Guide clinique, chapitre 6 : Sélection des donneurs, dépistage des maladies transmissibles et réduction des agents pathogènes
- Canadian Blood Services’ Rapport de surveillance 2021 de la Société canadienne du sang