Pour la Journée du chandail vert, discutez du don d’organes avec votre famille
Par le Dr Graham D. Sher, O.C.
Nous sommes nombreux à penser qu’à notre mort, si nous en avions la possibilité, nous serions heureux de faire don de nos organes et de nos tissus pour permettre à d’autres personnes de continuer à vivre. Le concept est simple. La perte tragique d’une personne devient alors un miracle pour une autre. Pour la famille en deuil, le don d’organes peut jeter un peu de lumière sur un moment éprouvant.
Le problème est que bien des gens, même s’ils partagent ce point de vue, n’en discutent pas avec leur famille. Dans les faits, 90 % des Canadiens approuvent le don d’organes, mais très peu l’ont fait savoir à leurs proches. Peut-être que cela les met mal à l’aise ou qu’ils trouvent étrange de parler de don d’organes au souper du dimanche.
Logan Boulet était l’exception. Il a eu cette importante discussion avec sa famille alors qu’il n’avait que 21 ans. Il était clair pour lui qu’il voulait faire don de ses organes et de ses tissus. Cet engagement ferme lui avait été inspiré par l’un de ses entraîneurs, Ric Suggit, décédé en 2017. Ric avait fait connaître son intention de donner ses organes et ses tissus, et à son décès, ses organes ont sauvé cinq vies, et ses cornées ont rendu la vue à deux autres receveurs reconnaissants. Pour Logan, officialiser sa propre décision de donner ses organes était une façon de rendre hommage à son ancien entraîneur. En plus de s’inscrire au registre de don d’organes, le jeune homme en avait informé sa famille et était à l’aise d’en parler.
Comme vous le savez peut-être, Logan était à bord de l’autocar des Broncos de Humboldt qui a été percuté par un camion semi-remorque en avril 2018. Le joueur de hockey et quinze de ses coéquipiers ont succombé à leurs blessures. Leur décès n’est rien de moins que tragique. La nouvelle de l’accident a brisé le cœur de bien des gens aux quatre coins du pays. Il n’y a généralement aucun bon côté à un tel événement. Mais la famille de Logan a respecté les volontés qu’il avait clairement exprimées et s’est assuré que ses organes seraient donnés. Grâce à l’acte de générosité ultime de Logan et à la décision de sa famille d’aller jusqu’au bout, six vies ont été transformées.
La décision de la famille Boulet de donner les organes de Logan a été rendue publique, et dans les semaines qui ont suivi, plus de 100 000 Canadiens ont pris exemple sur le jeune donneur. Jamais auparavant n’avait-on vu au Canada un tel afflux de nouveaux donneurs potentiels d’organes et de tissus. Le phénomène a été baptisé « l’effet Logan Boulet ».
Le 7 avril, date du décès de Logan, est devenu la Journée du chandail vert (site en anglais), une occasion de rendre hommage au legs du jeune homme et de redonner espoir aux milliers de patients en attente d’une greffe d’organe.
La Société canadienne du sang est fière de s’associer aux parents de Logan, Toby et Bernadine Boulet, pour appuyer cette campagne de sensibilisation à fort impact. La Journée du chandail vert, qui en est à sa quatrième édition, est le fruit d’une collaboration entre la famille Boulet et ses partenaires, dont la Société canadienne du sang, l’Association canadienne des greffés et la Fondation du rein. Ce jour-là, partout au Canada, les Boulet et leurs nombreux supporteurs inspirent la nation.
Ensemble, ils entretiennent la conversation, nous rappelant ce qu’il faut faire pour devenir donneur et ce que cela signifie. Ils soulignent l’importance non seulement de s’inscrire à un registre, mais aussi de faire connaître ses intentions à sa famille. Nous sommes reconnaissants à Bernadine et à Toby de continuer à partager leur histoire. Ils ont mué leur tragédie et leur chagrin en quelque chose de remarquable pour une cause sociale. L’effet Logan Boulet a fait œuvre utile d’une manière aussi significative et concrète qu’il est possible de le faire.
Le 7 avril, je vous encourage à porter du vert, à inspirer les autres et à vous inscrire à un registre de don d’organes et de tissus, si ce n’est déjà fait. Profitez du legs de Logan pour avoir cette conversation vitale avec votre famille.