L’importance des dons de sang pour les patients atteints de septicémie
Sans transfusion sanguine, Christine Caron n’aurait pas survécu à la réaction extrême de son corps après une infection
Voilà huit ans que Christine Caron a failli perdre la vie en raison de complications liées à une morsure de chien. Aujourd’hui, elle travaille fort pour faire connaître la septicémie ― et l’importance des dons de sang pour le rétablissement des patients.
La septicémie est une maladie potentiellement mortelle causée par une réaction grave de l’organisme à une infection qui peut être d’origine bactérienne, virale, parasitaire ou fongique. Alors qu’en temps normal, le système immunitaire combat l’infection, il déclenche en cas de septicémie une réaction en chaîne qui entraîne des lésions tissulaires, des défaillances d’organes, voire la mort.
Ce type de réaction grave peut se produire chez n’importe qui, mais Christine Caron, une mère de quatre enfants qui vit à Ottawa (Ontario), n’avait certainement jamais imaginé que cela pouvait lui arriver.
Pour elle, tout a commencé par une légère morsure à la main gauche par un de ses chiens dans un moment de jeu. Comme la plaie nettoyée et désinfectée n’était ni douloureuse ni rouge, Christine s’est dit qu’elle pouvait attendre avant de consulter son médecin. À ce moment-là, elle luttait aussi contre une bronchite persistante, et avait déjà un rendez-vous prévu quelques jours plus tard.
Cinq jours plus tard cependant, un essoufflement l’empêche de terminer son jogging matinal. Prise de nausées et de vertiges au travail, elle décide de rentrer à la maison, où elle passe la majeure partie de la journée endormie sur le canapé.
« Mon fils m’a réveillée à son arrivée de l’école pour me dire que j’avais une respiration étrange, se rappelle-t-elle. Je lui ai assuré que j’allais bien, et je me suis rendormie. »
Lorsqu’elle se réveille à 20 h, elle est agitée, désorientée et en nage. Elle décide alors de se rendre d’urgence dans une clinique; malheureusement, celle-ci venait juste de fermer. Puis, au lendemain d’une nuit passée à craindre de ne pas se réveiller si elle s’endormait, elle demande à un ami de l’amener aux urgences. (Selon Global Sepsis Alliance, « l’impression que l’on va mourir » est un symptôme important de la septicémie.)
« À peine arrivée à l’hôpital, je me suis effondrée », raconte-t-elle.
La seule chose dont elle se souvient ensuite, c’est de son réveil du coma, un mois plus tard. Elle apprend alors qu’elle a lutté contre une dangereuse infection causée par la bactérie Capnocytophaga canimorsus, contractée au moment où son chien l’a mordue. Il se trouve aussi qu’au moment de la morsure, Christine était particulièrement vulnérable. Ce qu’elle pensait être une bronchite était en réalité une pneumonie ― avec un système immunitaire fragilisé, elle était plus susceptible de développer une septicémie après la morsure.
Sortie du coma, elle n’est pourtant pas tirée d’affaire : les médecins lui expliquent que pour survivre, il va falloir lui amputer les bras et les jambes.
« À ce moment-là, je doutais que ma “survie” soit la meilleure option pour moi ou ma famille, raconte-t-elle. J’ai vécu des jours très sombres. »
Par chance, avant la première opération, l’état de son bras droit s’améliore au point qu’il peut être sauvé de l’amputation. Son rétablissement est un long et difficile; après l’amputation de ses jambes, elle frôle à nouveau la mort. Enfin, après plusieurs semaines à l’hôpital, elle peut poursuivre son rétablissement dans un centre de réadaptation.
À la fin juillet 2013, elle fait ses premiers pas avec prothèses et en septembre, elle marche sans aide.
Christine Caron a développé une septicémie après une morsure de chien en 2013. Les dons de sang ont été cruciaux dans son rétablissement, durant lequel il a aussi fallu lui amputer les jambes et un de ses bras.
Les dons de sang sont vitaux dans les situations de vie ou de mort
Le rétablissement de Christine témoigne des incroyables soins qu’elle a reçus et de sa force de caractère. Mais elle se sent aussi reconnaissante à l’égard des donneurs de sang qui l’ont aidée tout au long de son parcours, à commencer par le jour où elle s’est effondrée à l’hôpital.
« On m’a dit qu’à son arrivée, le médecin des soins intensifs a immédiatement ordonné une réanimation liquidienne, ce qui incluait des transfusions sanguines, raconte Christine Caron, qui souhaite encourager les gens à faire des dons de sang à l’occasion de la Journée mondiale contre la septicémie, le 13 septembre. Il faut sensibiliser les gens à la septicémie et à l’importance du don de sang. »
Le sang est formé de plusieurs composants; or, un patient atteint de septicémie peut avoir besoin de traitements à base d’un ou de plusieurs de ces composants. Les patients qui arrivent à l’hôpital avec une septicémie ont souvent besoin de transfusions de plaquettes, car leur taux est faible, selon Dre Alison Fox-Robichaud, spécialiste en médecine de soins intensifs et professeure de médecine à l’Université McMaster, ainsi que directrice scientifique de Sepsis Canada. Des transfusions de globules rouges sont parfois nécessaires, car en réaction à l’infection, la moelle osseuse commence à produire des globules blancs en excès, sans produire suffisamment de globules rouges.
Spécialiste en médecine de soins intensifs, Alison Fox-Robichaud traite des patients atteints de septicémie. Elle enseigne aussi la médecine à l’Université McMaster et occupe le poste de directrice scientifique de Sepsis Canada. (Université McMaster)
Il peut arriver que des transfusions de plasma soient nécessaires en cas de problème de coagulation du sang lié à un trouble hépatique.
« C’est courant, surtout dans les cas de septicémie liée à la COVID », explique Dre Fox-Robichaud. Bien que la septicémie soit souvent causée par une infection bactérienne, il peut arriver qu’elle survienne à cause d’un virus, notamment du coronavirus à l’origine de la COVID-19. « Les patients qui sont aux soins intensifs à cause de la COVID souffrent de septicémie. »
Certains des cas les plus graves de septicémie exigent un traitement par oxygénation extracorporelle par membrane (ECMO) dans le cadre duquel on extrait le sang du corps pour le pomper vers un appareil de circulation extracorporelle qui élimine le dioxyde de carbone du sang, avant de réinjecter le sang oxygéné dans la circulation sanguine du patient. Beaucoup de gens ont découvert ce type de machine pendant la pandémie, lors de reportages sur les malades les plus graves. Cependant, Christine a eu besoin de ce traitement pendant plusieurs semaines lors de son passage aux soins intensifs. Selon la Dre Fox-Robichaud, les patients qui reçoivent ce type de traitement ont systématiquement besoin de transfusions sanguines. On leur administre parfois des globules rouges et des plaquettes en plus de fibrinogène, une protéine issue du plasma.
C’est pour ces raisons, entre autres, que Christine Caron soutient la campagne de Sepsis Canada visant à promouvoir le don de sang à l’occasion de la Journée mondiale contre la septicémie, le 13 septembre. Elle espère que les Canadiens prendront rendez-vous, comme l’a fait un de ses proches, inquiet pour elle dans les premiers jours de sa maladie.
« Malgré une peur terrible des aiguilles, mon neveu a fait un don pour la première fois lorsque j’ai été admise à l’hôpital », raconte-t-elle.
Un don de sang effectué aujourd’hui pourrait bien servir à un autre patient souffrant de septicémie. Bien que le récit de Christine Caron fasse froid dans le dos, la septicémie n’est pas si rare. Dans le monde entier, on estime qu’il y a eu 49 millions de cas en 2017. Selon un rapport mondial publié dans la revue Lancet en 2020, la septicémie cause un décès sur cinq. Au Canada, 170 000 admissions d’adultes à l’hôpital seraient dues à la septicémie, et 40 à 50 % de ces cas seraient fatals.
« C’est courant. Mais souvent, les gens ne reconnaissent ni les signes ni les symptômes, explique la Dre Fox-Robichaud. Si quelqu’un a une infection, ou pense avoir une infection, et se sent horriblement mal, c’est une urgence médicale. Comme pour une crise cardiaque ou un AVC, il faut se rendre à l’hôpital. »
« Cela peut toucher n’importe qui, à n’importe quel âge, des nouveau-nés aux personnes âgées », ajoute-t-elle.
Les composants sanguins font partie du traitement qui sauve de nombreuses personnes atteintes de septicémie. À l’approche du 13 septembre, date de la Journée mondiale contre la septicémie, nous invitons tous les Canadiens à prendre rendez-vous pour faire un don de sang, de plasma ou de plaquettes dans les centres de collecte de la Société canadienne du sang. Pour ce faire, téléchargez l’application DonDeSang, rendez-vous sur sang.ca ou appelez le 1 866 JE DONNE.