Le Dr Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang, est nommé membre de l’Ordre du Canada
Cette distinction prestigieuse conférée par la gouverneure générale reconnaît les contributions extraordinaires à la nation
Le Dr Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang depuis 2001 et membre de l’équipe dirigeante depuis la création de l’organisation en 1998, a été nommé membre de l’Ordre du Canada.
L’Ordre du Canada, l’une des plus hautes distinctions civiles au pays, a pour devise DESIDERANTES MELORIEM PATRIAM, ce qui signifie « ils désirent une patrie meilleure ». Non seulement cette nomination a été une surprise pour le Dr Sher, mais c’est depuis une profonde expérience émotionnelle. Quand il reçut l’appel de la Chancellerie des Honneurs du bureau de la gouverneure générale, il pensait qu’on l’appelait pour parler d’une des références qu’il avait faites pour d’autres candidats.
« Je ne savais pas quoi dire », se rappelle-t-il.
Les larmes vinrent plus tard, lorsqu’il montra à sa femme, Erica, le courriel de confirmation qu’il avait reçu.
« Cela fait 31 ans que je suis au Canada, mais je suis un immigrant. Je suis extrêmement ému du fait que le Canada me fasse l’honneur de m’accorder l’une de ces plus hautes distinctions pour avoir fait du pays une meilleure patrie. »
Ayant fait ses études de médecine à l’Université de Witwatersrand, à Johannesburg, en Afrique du Sud, le Dr Sher devint le premier de sa famille à obtenir un diplôme universitaire. À la fin des années 80, alors que ses études touchaient à leur fin, il dut faire un choix difficile : rester en Afrique du Sud et faire son service militaire obligatoire, ou se lancer dans une carrière universitaire en médecine, à l’étranger.
« Nous étions à l’apogée du régime de l’apartheid et j’avais de sérieuses réticences à servir la branche militaire d’un gouvernement qui, selon moi, était du mauvais côté de l’humanité et de l’Histoire, raconte-t-il. De plus, j’avais réellement envie d’explorer les opportunités professionnelles qui s’offraient à moi ailleurs. »
C’est ainsi qu’il intégra un programme de recherche postdoctorale à l’Université de Toronto et qu’il suivit une formation en hématologie, une spécialité médicale qui étudie le sang et ses maladies (ou hémopathies). Il était attiré par la promesse d’une carrière enrichissante dans le système canadien de santé publique qui conjuguerait médecine clinique, recherche et des cours dans un grand centre médical universitaire.
« À l’époque, j’étais un grand défenseur d’un système de santé publiquement financé et administré, tel que celui du Canada, et ma position à ce sujet n’a cessé de se confirmer au fil des ans, poursuit-il. »
Le Dr Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang depuis 2001, a été nommé membre de l’Ordre du Canada.
Restaurer la confiance des Canadiens dans leur système d’approvisionnement en sang
En 1998, le Dr Sher s’était confortablement établi à Toronto et occupait deux postes, l’un à l’Université de Toronto et l’autre à l’Hôpital de Toronto. Alors qu’Erica et lui attendaient leur troisième enfant, de nouveaux choix se présentèrent à lui.
À ce moment-là, le système d’approvisionnement canadien connaissait une crise majeure. Des milliers de personnes avaient été exposées au VIH et au virus de l’hépatite C à cause de produits sanguins contaminés dans les années 80. Une commission d’enquête présidée par le juge Horace Krever avait été mandatée et, en 1997, à l’issue des quatre ans d’enquête, un rapport avait été publié. Il était temps d’agir.
« Au printemps 1998, j’ai reçu un appel d’un chasseur de têtes, se rappelle le Dr Sher, qui m’a dit que le gouvernement s’apprêtait à créer une nouvelle agence pour remplacer la Société canadienne de la Croix-Rouge et qu’il souhaitait savoir si j’étais intéressé par ce qui allait être le poste de vice-président aux Affaires médicales de cette nouvelle agence. »
« J’ai ri et je lui ai dit que je pouvais lui donner le nom de plusieurs autres personnes au Canada qui pourraient remplir ce rôle, mais que je n’étais pas vraiment intéressé parce que j’étais un clinicien et que je n’avais aucune expérience en gestion administrative. »
Malgré ses réticences initiales, le Dr Sher était plus qu’intrigué par cette opportunité d’œuvrer à l’échelle nationale tout en continuant à œuvrer pour le bien des patients. Il rappela donc le chasseur de têtes et passa un entretien. C’est ainsi qu’il obtint son premier poste au sein de l’équipe dirigeante de la Société canadienne du sang. Trois ans plus tard, lorsque le chef de la direction en place remit sa démission, il posa sa candidature.
« Je savais, intrinsèquement, ce à quoi le système d’approvisionnement en sang du Canada devait ressembler. J’avais une vision. J’étais passionné. J’étais encouragé par nos premiers succès et je voulais créer un système transfusionnel de première classe pour le Canada. »
Il n’avait que 38 ans.
« Je suis extrêmement reconnaissant d’avoir pu bénéficier d’une telle opportunité à un si jeune âge. L’une des choses que j’ai toujours essayé de faire tout au long de ma carrière, c’est de croire en les jeunes professionnels, car ils peuvent se montrer à la hauteur si on leur en donne la possibilité. C’est ce que le conseil d’administration a fait pour moi en 2001. »
Accompagné de toute une équipe, le Dr Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang, a gravi le mont Kilimandjaro, en 2013, afin de recueillir des fonds pour la banque publique nationale de sang de cordon, créée par l’organisation.
Une vision à long terme pour la chaîne de vie du Canada
Pour Pauline Port, directrice financière et vice-présidente aux Services généraux de la Société canadienne du sang, le Dr Sher est non seulement doté d’une intelligence hors pair, mais également d’un professionnalisme exceptionnel et d’un merveilleux sens de l’humour. Ce sont ces qualités qui lui ont permis de relever de nombreux défis comme l’arrivée du virus du Nil occidental en Amérique du Nord et de la pandémie de COVID-19, tout en gardant le cap sur des projets de grande envergure comme assurer l’autosuffisance du Canada en plasma.
« Malgré les obstacles qui se présentent à nous, il garde sa vision à long terme, explique-t-elle, et il l’utilise pour aller de l’avant. Il est capable d’atteindre le consensus que cela soit en interne, avec son équipe, ou à l’externe, avec les différentes parties intéressées. »
Mme Port a rejoint l’organisation comme employée du Service des finances en 1999. Elle se souvient de l’une de ses premières réunions avec le Dr Sher, lorsqu’il était vice-président aux Affaires médicales : « il nous expliquait l’importance d’augmenter le budget en recherche-développement alors que, moi, j’essayais de gérer nos finances! »
Ce dilemme s’est conclu par un « tirage au sort » et, depuis, la recherche-développement s’est épanouie au sein de la Société canadienne du sang. Cela nous a permis de construire un système d’approvisionnement en sang plus inclusif et, même, de contribuer à la lutte contre la COVID-19. Cela nous a également permis de développer de nouveaux produits et services, et de nous assurer que la sécurité des patients soit au cœur de toutes nos décisions. Nous nous concentrons désormais sur l’excellence scientifique et médicale en matière de transfusion et de transplantation.
Les nombreux domaines de recherche auxquels participe l’organisation reflètent l’augmentation des responsabilités de celle-ci sous la tutelle du Dr Sher. En 2013, la Société canadienne du sang a créé une banque publique nationale de sang de cordon avec pour objectif de recueillir et de fournir des cellules souches de sang de cordon aux patients ayant besoin d’une greffe. Pour recueillir des fonds pour celle-ci, le Dr Sher a entrepris l’ascension du mont Kilimandjaro, le point culminant de l’Afrique, accompagné de 24 personnes. C’est également à son initiative que la Société canadienne du sang a commencé à œuvrer dans le domaine du don et de la greffe d’organes et de tissus afin d’améliorer le système à l’échelle nationale. Cela comprend la création du Registre canadien de transplantation, une plateforme destinée à faciliter l’échange d’organes entre les provinces.
« Le gardien du système d’approvisionnement en sang »
« Graham occupe le rôle de chef de la direction de la Société canadienne du sang de manière admirable. En matière de santé, il est un vrai leader canadien, confie Mel Cappe, qui a présidé le conseil d’administration de l’organisation de janvier 2018 à décembre 2021. »
« Diriger une organisation réglementée par le gouvernement fédéral, financée par les provinces et les territoires, et supervisée par un conseil d’administration indépendant dont les membres sont nommés par les ministres de la Santé des douze provinces et territoires relève de l’exploit, continue-t-il. »
« Le plus aguerri des dirigeants aurait été décontenancé par la complexité de cette structure de gouvernance, mais le Dr Sher est devenu le gardien du système d’approvisionnement en sang. »
M. Cappe, lui aussi membre de l’Ordre du Canada, tient à souligner que le travail du Dr Sher s’étend au-delà de la Société canadienne du sang, à d’autres organisations, comme le Partenariat canadien contre le cancer, dont il est membre du conseil d’administration depuis 2016. Il s’étend également en dehors du Canada, puisque le Dr Sher est membre fondateur de l’Alliance of Blood Operators (ABO) et a été la première personne en dehors des États-Unis à présider les AABB (devenus l’Association for the Advancement of Blood and Biotherapies).
Un honneur qui reflète un engagement à la fois professionnel et personnel
En entrant dans l’Ordre du Canada, le Dr Sher rejoint M. Cappe ainsi que plusieurs autres membres — actuels et anciens — du conseil d’administration de la Société canadienne du sang : l’ancienne présidente, Leah Hollins; l’actuel président, le Dr Brian Postl; l’actuelle vice-présidente, Glenda Yeates; et l’actuel directeur, Victor Young.
Le Dr Sher se dit reconnaissant envers eux et envers toutes ces personnes fantastiques avec qui il a eu le plaisir de travailler pendant toutes ces années et qui l’ont aidé à accomplir ce pour quoi on l’honore aujourd’hui.
« Créée à la suite d’une catastrophe, notre organisation a passé 23 ans à essayer de construire quelque chose de meilleur, de plus fort et de plus utile pour tous les Canadiens, conclut-il. Ce travail, je ne l’ai pas accompli tout seul. Cette distinction reflète l’engagement de notre organisation à faire du Canada un meilleur endroit et je pense que, collectivement, c’est ce que nous avons. »