Célébrons la Journée nationale des peuples autochtones
Trois femmes autochtones liées à la chaîne de vie du Canada s’expriment sur la Journée nationale des peuples autochtones
En juin, nous célébrons le Mois national de l’histoire autochtone en mettant à l’honneur l’héritage, les contributions et les cultures des Premières Nations, des Inuits et des Métis du Canada. Cette année, la célébration nationale est assombrie par la terrible découverte des restes de 215 enfants autochtones à Kamloops, en Colombie-Britannique.
Nous avons conscience que depuis des générations, les communautés autochtones sont confrontées au racisme systémique et à la discrimination. C’est pourquoi cette année, à l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone, nous voulons en apprendre davantage sur l’histoire et le vécu des Autochtones, notamment les effets dévastateurs des pensionnats sur les communautés.
Dans le cadre de cet apprentissage, et pour marquer la Journée nationale des peuples autochtones le 21 juin, nous avons demandé à trois femmes, trois maillons de la chaîne de vie du Canada, de s’exprimer sur leur héritage autochtone et sur la façon dont il façonne leur vie et leur travail.
Depuis bientôt quatre ans, Chantale Pambrun est à la tête du Centre d’innovation de la Société canadienne du sang, véritable moteur des progrès en matière de médecine transfusionnelle et de greffe. Métisse, elle participe activement au rayonnement de l’organisation dans les communautés autochtones.
« Mes origines me façonnent »
À titre de directrice du Centre d’innovation de la Société canadienne du sang, Chantale Pambrun aide l’organisation à faire progresser la médecine transfusionnelle et la greffe pour le bien des donneurs et des patients. Elle occupe ce poste depuis près de quatre ans et appuie aujourd’hui les actions de l’organisation favorisant la diversité, l’équité et l’inclusion au sein des communautés autochtones.
« Je suis fière de faire partie d’une organisation qui fait l’effort de reconnaître et d’impliquer les peuples autochtones. Récemment, j’ai participé à une séance de sensibilisation aux cultures dans le cadre des efforts menés par la Société canadienne du sang pour tisser des liens avec les Autochtones. Non seulement c’est la bonne chose à faire pour une organisation pancanadienne, mais c’est aussi essentiel pour répondre aux besoins des patients issus de la diversité qui dépendent de nos produits et de nos services. »
Interrogée sur l’importance de la Journée nationale des peuples autochtones, Chantale Pambrun a une pensée pour l’horrible découverte de la fosse commune à Kamloops. « La Journée nationale des peuples autochtones a une résonance particulière cette année, explique-t-elle. Cela nous rappelle qu’il faut en faire plus, et plus vite, pour remédier au lamentable traitement subi par les peuples autochtones. »
Mère métisse de deux préadolescents, Chantale Pambrun a trouvé difficile de discuter avec eux des souffrances qu’ont vécues ses ancêtres autochtones aux mains de leurs ancêtres européens. « Je ne peux pas décrire la perplexité qui se lisait sur les visages de mes enfants lorsqu’ils essayaient de comprendre le mal qui a été fait à ces 215 enfants, et qui n’a pas encore fait l’objet de réparations adéquates de la part de ceux qui ont infligé ces souffrances », explique-t-elle.
Très consciente du fait que ses « origines [la] façonnent », Chantale Pambrun explique que sa vision du monde est éclairée par ses racines autochtones. « La célébration des peuples autochtones ce mois-ci met le projecteur sur nos origines », ajoute-t-elle. Ce moment est l’occasion, « pour moi et pour notre nation, de reconnaître le besoin d’agir encore pour faire amende honorable et modifier nos comportements collectifs. »
Tanner McLeod (sept ans) a reçu un diagnostic d’anémie sidéroblastique lorsqu’il n’avait que six mois. Son seul espoir de guérison : une greffe de cellules souches. Membre de la Nation crie de Pimicikamak, Tanner avait plus de chances d’être compatible avec un donneur autochtone. Sa mère, Miranda McLeod, a fondé une organisation communautaire appelée Natamakewin pour recruter des donneurs potentiels issus des communautés autochtones.
« Nous nous soutenons les uns les autres »
À seulement six mois, Tanner McLeod a reçu un diagnostic d’anémie sidéroblastique, une maladie qui empêche son corps de produire des globules rouges sains. Pour survivre, il a eu besoin de transfusions sanguines régulières afin de maintenir un taux d’hémoglobine normal. Son seul espoir de guérison : une greffe de cellules souches.
« Ce n’est que lorsque nous avons découvert qu’aucun membre de notre famille proche n’était entièrement compatible que je me suis rendu compte que Tanner aurait besoin d’un donneur bénévole, explique Miranda McLeod, la maman de Tanner. Peu après, nous avons eu la tristesse d’apprendre que personne n’était compatible avec Tanner dans la base de données mondiale des donneurs de cellules souches. »
Membre de la Nation crie de Pimicikamak, Tanner avait plus de chances d’être compatible avec un donneur autochtone. En effet, une greffe de cellules souches a des résultats optimaux lorsque les antigènes leucocytaires humains (HLA) d’un patient sont compatibles avec les HLA du donneur sur le plan génétique. Les personnes autochtones représentent toutefois moins de 2 % des donneurs potentiels inscrits au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang. Tout comme les personnes asiatiques, hispaniques, métisses et noires au Canada, il est particulièrement difficile pour les Autochtones de trouver un donneur compatible, car 33 % seulement des donneurs potentiels inscrits au registre sont issus de ces cinq groupes ethniques.
Puisque les patients autochtones ont de faibles chances de trouver un donneur compatible, Miranda a décidé de créer une organisation appelée Natamakewin (en langue crie, « sauver » ou « aider » quelqu’un) pour recruter des donneurs potentiels dans les communautés autochtones.
Depuis le lancement de son organisation, Miranda profite de la Journée nationale des peuples autochtones pour faire croître le nombre d’inscrits autochtones sur le registre. « Dès qu’une personne ou une communauté a besoin d’aide, nous nous unissons pour témoigner notre amour et notre soutien aux personnes qui en ont besoin, explique Miranda. Nous sommes des personnes résilientes qui continuent de prospérer, de garder la tête haute, et nous nous soutenons les uns les autres. »
Teemu Muswagon (dix-sept ans) a récemment fait un don de cellules souches pour son petit frère, Tanner McLeod (sept ans). Tanner a reçu un diagnostic d’anémie sidéroblastique et la greffe de cellules souches était son seul espoir de survie. Avant la greffe en mars dernier, Tanner avait besoin de transfusions sanguines régulières pour maintenir un taux d’hémoglobine normal.
Quelques mois après que Tanner a eu sept ans, son grand frère Teemu Muswagon (dix-sept ans), lui a fait un don de cellules souches. Même s’il n’était pas parfaitement compatible, d’après les médecins, les progrès de la médecine faisaient de cette greffe une option viable. Près de trois mois après la greffe, Miranda est heureuse qu’un membre de la famille ait pu donner à Tanner un nouvel espoir.
Depuis six ans, Jenny Morgan est la directrice de la santé autochtone à l’Hôpital pour femmes de la Colombie-Britannique. Issue de la Première Nation de Gitxsan, elle était heureuse de s’inscrire au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang il y a de nombreuses années pour donner aux patients autochtones de meilleures chances de trouver un donneur compatible. Cinq ans plus tard, elle a été appelée à faire un don.
« Je l’ai vécu comme une procédure sacrée »
Pour Jenny Morgan, une femme autochtone de Vancouver (Colombie-Britannique), l’inscription au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang a été motivée par les paroles de quelqu’un de sa propre communauté.
« Entendre une autre personne autochtone parler du don de cellules souches a suffi pour susciter mon intérêt, explique celle qui est aujourd’hui la directrice de la santé autochtone de l’Hôpital pour femmes de Colombie-Britannique. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de commander ma trousse d’inscription et d’attendre qu’on m’appelle. »
L’appel est arrivé cinq ans plus tard. La Société canadienne du sang a informé Jenny Morgan, qui est issue de la Première Nation de Gitxsan, qu’elle était compatible avec un patient en attente d’une greffe de cellules souches.
« Je l’ai vécu comme une procédure sacrée, car j’avais la possibilité de sauver quelqu’un, dit-elle. Je savais qu’il y avait très peu d’Autochtones sur le registre, alors la décision a été facile à prendre. »
Jenny a hâte de pouvoir rencontrer le patient qui a reçu ses cellules souches lorsque les choses reviendront à la normale après la pandémie. Pour l’instant, à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, elle espère que les Canadiens en profiteront pour en apprendre plus sur les peuples autochtones et sur les difficultés qu’ils ont dû affronter pendant des décennies.
À l’occasion de ce Mois national de l’histoire autochtone et de la Journée nationale des peuples autochtones, nous découvrons le vécu des Premières Nations, des Inuits et des Métis. À une période où nous réfléchissons aux actes perpétrés par notre pays et aux conséquences du colonialisme sur la santé autochtone, nous avons conscience du rôle que nous devons tous jouer dans la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada.
Il est nécessaire d’agir tout au long de l’année pour éliminer les obstacles, améliorer l’équité et favoriser l’inclusion. Pour en savoir plus sur notre engagement à l’égard de la diversité, de l’équité et de l’inclusion : sang.ca/DEI.