Collecte de plasma au Canada : les observations des parties prenantes intégrées à une démarche factuelle
(Ottawa) - En tant qu’autorité nationale responsable de la collecte et de la distribution du sang, nous surveillons et analysons entre autres la sécurité de l’approvisionnement du plasma nécessaire à la préparation de protéines plasmatiques. Les patients qui dépendent de ces produits sont le point de mire de notre travail. Nous évaluons la sécurité de l’approvisionnement au moyen d’un cadre décisionnel fondé sur le risque, un outil reconnu à l’échelle mondiale, et nos analyses servent les intérêts du Canada depuis de nombreuses années.
Le cadre décisionnel, mis au point par l’Alliance of Blood Operators, a été conçu pour aider les décideurs à améliorer leur processus décisionnel, adopter des mesures proportionnelles aux risques, baser leurs décisions sur des critères objectifs, accroître la confiance dans les décisions d’investissement et prévoir la réorientation des ressources pour favoriser l’efficacité.
Les États-Unis peuvent-ils continuer à recueillir suffisamment de plasma pour répondre à la demande mondiale en protéines plasmatiques? Notre dépendance vis-à-vis de l’industrie plasmatique américaine rend-elle le Canada vulnérable en cas de pénurie? Ce sont là des questions que nous sommes en train d’étudier. Et nous ne sommes pas les seuls. Nos analyses montrent que la dépendance du Canada et du reste du monde envers le plasma américain représente un risque considérable et de plus en plus réel. Par ailleurs, la demande internationale de produits plasmatiques est en hausse. Grâce aux progrès de la médecine, les professionnels de la santé posent de meilleurs diagnostics, ce qui mène parfois à une plus grande utilisation de ce type de produits. Les protéines plasmatiques sont en outre indiquées dans de plus en plus de cas. Enfin, il y a de nouveaux marchés, comme la Chine et l’Inde, où l’utilisation est faible pour le moment, mais où elle pourrait augmenter. Vu l’ampleur de ces marchés, même une modeste augmentation pourrait avoir d’importantes répercussions.
Nous en sommes venus à la conclusion que nous devons recueillir davantage de plasma pour fabriquer des produits comme les immunoglobulines afin de réduire notre dépendance envers les fournisseurs étrangers. Cela dit, nous devons continuer de diversifier nos sources d’approvisionnement pour nous assurer que le Canada aura toujours suffisamment de plasma pour répondre aux besoins des patients. D’autres pays sont aussi en train de revoir leurs modèles de collecte.
Notre cadre décisionnel tient compte de plusieurs facteurs, à savoir les risques, les avantages, les coûts, les questions d’ordre éthique et le point de vue des parties prenantes. Le processus que nous avons adopté pour préciser nos objectifs en matière de collecte de plasma impliquera lui aussi la participation des parties prenantes, soit les patients, les donneurs, les gouvernements et les professionnels de la santé. Nous voulons donner aux Canadiens l’occasion de participer à la discussion. Ainsi, dès cet automne, nous inviterons les parties concernées à se faire entendre afin que nous puissions connaître leur point de vue et en tenir compte dans nos plans.
Les protéines plasmatiques telles que les immunoglobulines sont utilisées dans le traitement de diverses maladies, dont les maladies immunologiques, neurologiques et hématologiques. Tout comme le sang total, le plasma est une ressource publique que nous devons protéger. Nous cherchons présentement des moyens de décupler la quantité de plasma que nous recueillons. Nous cherchons présentement des moyens d’augmenter de façon considérable le plasma que nous recueillons. Nous voulons adopter une stratégie fondée sur des éléments factuels qui sera le fruit d’une véritable collaboration avec nos partenaires et qui nous conservera la confiance des Canadiens, confiance que nous avons restaurée à coups de grands efforts.
Qu’est-ce que le plasma?
Le plasma est la partie liquide qui transporte les autres constituants du sang dans l’organisme. Riche en protéines, il participe au système immunitaire et à l’arrêt des hémorragies, ce qui explique son utilisation dans le traitement du cancer, de maladies hépatiques et de troubles de la coagulation.
À la Société canadienne du sang, nous recueillons le plasma par extraction d’un don de sang total ou par aphérèse. L’aphérèse est une technique médicale consistant à séparer le plasma du sang pendant le don et à réinjecter les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes au donneur.
Le plasma est utilisé d’une part pour la transfusion, et d’autre part pour le fractionnement, un procédé par lequel on extrait diverses protéines pour un usage thérapeutique.
- Plasma récupéré
Après avoir été extrait du sang total, le plasma récupéré est fractionné pour obtenir de l’albumine, des immunoglobulines et d’autres produits destinés au traitement de troubles de la coagulation, de déficits immunitaires et de nombreuses autres pathologies.
- Plasma frais congelé
Il s’agit de plasma récupéré congelé. Ce produit est exclusivement destiné à la transfusion et est indiqué pour les patients souffrant d’un cancer, d’un trouble de la coagulation ou d’une maladie hépatique. On en administre également aux receveurs de moelle osseuse.
- Plasma-aphérèse
Comme son nom l’indique, le plasma-aphérèse est prélevé par aphérèse. Il est soit congelé pour être utilisé comme plasma frais congelé, soit fractionné.
Le plasma au Canada
La quantité de plasma que nous recueillons ne répond qu’à environ 17 % des besoins en immunoglobulines, les protéines plasmatiques les plus demandées. Pour répondre aux quelque 80 % restants, nous achetons des produits fabriqués à partir de plasma de donneurs rémunérés aux États-Unis. Sans le système américain, qui fournit environ 65 % du plasma utilisé dans le monde pour la fabrication de produits comme les immunoglobulines, les patients qui dépendent des protéines plasmatiques n’auraient pas facilement accès aux traitements dont ils ont besoin.