Le nouveau centre canadien de prélèvement, où les donneurs seront rémunérés pour leur plasma, a fait l’objet de bien des discussions ces derniers temps.
La Société canadienne du sang n’est aucunement liée à ce centre et ne saurait se prononcer sur le bien-fondé de son existence. En tant que garante du système national d’approvisionnement en sang (à l’extérieur du Québec), la Société canadienne du sang souhaite faire la lumière sur le prélèvement et l’utilisation du plasma au Canada et à l’étranger.
Le plasma est la partie liquide du sang qui peut être administrée par transfusion à des patients souffrant de divers problèmes médicaux, traumas ou hémorragies, par exemple. Au Canada, le plasma est prélevé à des fins de transfusion auprès de donneurs bénévoles non rémunérés qui sont soumis à un processus rigoureux de sélection et de dépistage. Le fait de ne pas rémunérer les donneurs de sang et de plasma dont les produits servent à des fins de transfusion est un principe largement accepté à l’échelle internationale, et le Canada n’a nullement l’intention de s’en écarter.
En plus d’être utilisé dans les transfusions, le plasma peut être fractionné pour fabriquer des médicaments spécialisés. Parmi les produits dérivés du plasma figurent : l’albumine, qui sert à traiter les patients souffrant de brûlures ou de traumas; les immunoglobulines, que l’on utilise dans les cas d’infections ou de déficiences immunitaires; et les facteurs de coagulation, que l’on administre aux patients atteints de troubles de la coagulation.
Le plasma destiné au fractionnement est également recueilli auprès de donneurs non rémunérés. Comme le Canada ne dispose pas des installations de fabrication complexes qu’exige une telle transformation, ce plasma est expédié à deux entreprises spécialisées, l’une en Europe et l’autre aux États-Unis. Il est important de noter que les médicaments ainsi produits reviennent au Canada pour répondre aux besoins des patients canadiens.
La demande à l’égard de ces médicaments, notamment des immunoglobulines, dépasse de beaucoup notre capacité nationale de prélèvement de plasma. Par conséquent, l’achat de produits commerciaux vient compléter la fabrication de produits à partir de notre plasma. Il arrive souvent que les fabricants de ces produits commerciaux offrent aux donneurs une rémunération pour leur plasma. Cette situation n’est ni nouvelle ni propre au Canada : la plus grande part de l’approvisionnement mondial en protéines plasmatiques obtenues par fractionnement provient de donneurs rémunérés.
Il importe de souligner que les fabricants de ces produits doivent être autorisés par les organismes de réglementation, comme Santé Canada et la Food and Drug Administration aux États-Unis, et satisfaire à leurs rigoureuses normes. Les mesures de sécurité qui font partie intégrante du processus de fractionnement sont très poussées, et comprennent un examen et un dépistage des donneurs, une mise en quarantaine des unités de plasma, des procédés technologiques permettant de détruire les virus et des étapes de purification. Toutes ces mesures rendent les produits extrêmement sûrs. De nombreuses études ont montré que les produits issus du plasma obtenu auprès de donneurs rémunérés sont aussi fiables que tout autre produit fabriqué à partir de plasma obtenu auprès de donneurs non rémunérés.
On a fait grand cas du fait que les produits sanguins provenant de donneurs rémunérés avaient joué un rôle dans la crise du sang contaminé au Canada, où de nombreuses personnes ont été infectées par le VIH ou le virus de l’hépatite C. Des patients ont subi des torts irréparables à cause de ces produits, et bon nombre d’entre eux en sont morts. Cependant, la situation a bien changé depuis.
Créée en 1998 dans la foulée de la Commission d’enquête Krever chargée du dossier de la tragédie du sang contaminé, la Société canadienne du sang a été chargée de reconstruire le système canadien d’approvisionnement en sang. Grâce au soutien financier des gouvernements et au prix d’un travail acharné, nous avons su regagner la confiance des Canadiens; ces acquis, nous ne voulons en rien les compromettre. Nous avons effectué de profonds changements, en maintenant la sûreté et la sécurité au premier plan de toutes nos décisions.
Pour garantir la fiabilité du système du sang, il faut entre autres veiller à la sécurité de l’approvisionnement. Dans les faits, des milliers de patients dépendent de ces produits vitaux obtenus par fractionnement; sans les produits issus du plasma obtenu auprès de donneurs rémunérés, nous ne pourrions satisfaire aux besoins des patients. Ces derniers et les associations qui les représentent comprennent ce fait; ils ont surmonté les craintes du passé et sont prêts à utiliser ces produits en toute confiance, compte tenu des mesures de sécurité exhaustives inhérentes à leur fabrication.
En interdisant la rémunération des dons de plasma destiné à être fractionné à des fins commerciales, on restreint l’accès des patients à ces produits, aussi bien au Canada qu’à l’étranger. Il est hors de question de mettre en danger des vies humaines.
Dr Graham Sher, MB, BCh, Ph. D,
chef de la direction de la Société canadienne du sang
Cliquez sur les liens ci-dessous pour obtenir le point de vue d'un groupe de patients qui dépend de protéines plasmatiques (En anglais).
- www.hemophilia.ca
- Transcript - CBC Radio 1 CBVE interview with National Executive Director of Canadian Hemophilia Society David Page (PDF)
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