Qu’adviendrait-il si la période de conservation des concentrés de globules rouges était inférieure à 42 jours?
En bref ...
La période de conservation des globules rouges pourrait être réduite de 42 à 21 jours sans qu’il y ait de répercussions importantes sur les hôpitaux ou sur la chaîne d’approvisionnement en produits sanguins. Les hôpitaux utilisant de grandes quantités de CGR verraient moins de différence que les petits hôpitaux.
Si cette période était réduite à moins de 21 jours, le taux de péremption des unités de CGR et les épisodes de pénurie augmenteraient de façon substantielle.
Les raisons expliquant ces constatations sont encore inconnues, et d’autres études devront être menées pour les confirmer, mais les questions suivantes se posent : Qu’arriverait-il si l’on réduisait la période de conservation des unités de CGR? Quelles répercussions une telle décision aurait-elle sur la chaîne d’approvisionnement en CGR? Comme le sang est périssable, la gestion des stocks est complexe. En effet, les décisions relatives aux commandes reposent non seulement sur la quantité d’unités disponibles, mais aussi sur leur âge.
Comment les chercheurs ont-ils procédé?
Pour les besoins de la présente étude, les chercheurs ont élaboré un modèle de simulation informatisé visant à évaluer les répercussions d’une réduction de la période de conservation des CGR. Le modèle en question simulait le comportement des hôpitaux et des fournisseurs de sang à l’égard des stocks et des commandes de même que les besoins des patients. L’équipe de recherche s’est intéressée principalement aux répercussions systémiques de la péremption des unités de CGR (les unités de CGR qui seraient trop vieilles pour être transfusées), de la pénurie d’unités de CGR (c’est-à-dire les cas où il n’y aurait aucune unité de CGR disponible aux fins de transfusion) et des comportements relatifs aux commandes (les commandes passées aux fournisseurs de sang par les hôpitaux).
Le modèle comportait des données provenant de centres d’approvisionnement en sang de Montréal et de Québec ainsi que de 97 hôpitaux du Québec représentant plus de 80 % de la demande provinciale. Une fois validé, le modèle informatisé a servi à évaluer le nombre d’unités de CGR périmées, de pénuries et de commandes urgentes passées par les hôpitaux, considérant une réduction de la période de conservation des unités de CGR de 42 jours à 14 jours, par tranches de sept jours.
Quelles sont les conclusions de l’étude?
- Le fait de raccourcir la période de conservation des unités de CGR de 42 jours à 28 ou à 21 jours n’a pas entraîné d’augmentation importante du nombre d’unités périmées, de pénuries ou de commandes urgentes dans l’ensemble du système. Toutefois, lorsque la période de conservation a été réduite à moins de 21 jours, on a observé une importante augmentation du nombre d’unités périmées ou de pénuries, ou des deux.
- La réduction de la période de conservation a touché les hôpitaux différemment selon leur taille; les grands hôpitaux ont été moins touchés que les petits en ce qui a trait au taux de péremption ou aux pénuries.
- Le fait de raccourcir la période de conservation des unités de CGR met une pression accrue sur les réserves de sang du groupe O, en particulier si la période est réduite en deçà de 21 jours.
Comment utiliser les résultats de cette étude?
La présente étude fournit des informations utiles pouvant guider la mise en œuvre d’une politique sur la réduction de la période de conservation des unités de CGR, advenant le cas où des éléments probants confirmeraient que la transfusion de « vieux sang » conduit à de moins bons résultats pour la santé des patients. Plus la période de conservation est réduite, plus la gestion des stocks dans les hôpitaux et chez les fournisseurs de sang devient complexe. La présente étude montre que le fait d’écourter la période de conservation de la période maximale actuelle de 42 jours à une période de 21 jours n’aurait pas de répercussions importantes sur l’approvisionnement en sang. Par contre, si l’on réduisait cette période à moins de 21 jours, il y aurait une augmentation substantielle du taux de péremption et des pénuries aussi bien dans les hôpitaux que chez les fournisseurs de sang.
À propos de l’équipe de recherche
John Blake est ingénieur à la Société canadienne du sang et professeur agrégé au département de génie industriel de l’Université Dalhousie. Il s’intéresse à l’application des techniques de recherche opérationnelle dans la résolution des problèmes de soins de santé. Mathew Hardy est étudiant à la maîtrise en sciences et travaille avec le Dr Blake; il occupe un poste de technicien à la Société canadienne du sang. Le Dr Gilles Delage est vice-président aux affaires médicales chez Héma-Québec. Genevieve Myhal est analyste d’entreprise pour les affaires médicales chez Héma-Québec.
Le contenu du présent concentré de recherche est tiré de la publication suivante
[1] BLAKE JT, HARDY, M DELAGE, G et MYHAL, G (2013). Déjà vu all over again: The impact of shorter shelf life for red blood cells. Transfusion (à paraître).
Remerciements : La réalisation de cette étude a été rendue possible grâce à une subvention du Programme de recherche‑ développement de la Société canadienne du sang, financé par les ministères de la Santé des gouvernements fédéral (Santé Canada), provinciaux et territoriaux et par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie. Les opinions exprimées dans le présent bulletin ne reflètent pas nécessairement celles du gouvernement du Canada. L’étude a bénéficié d’un appui non financier d’Héma-Québec.
Mots clés : âge des globules rouges, modèle de simulation, logistique, planification des stocks.
Pour en savoir plus? Veuillez communiquer avec John Blake à l’adresse John.Blake@blood.ca
Le bulletin concentré de recherche est un outil de mobilisation des connaissances élaboré par la Société canadienne du sang