Le risque de transmission du VIH est demeuré inchangé avec l’élargissement des critères d’admissibilité aux hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes
En bref ...
Aucune augmentation du risque résiduel de transmission du VIH n’a été observée avec le raccourcissement progressif des périodes d’attente imposées aux hommes gais, bisexuels et autres HARSAH.
Comment les chercheurs ont-ils procédé?
Les chercheurs ont examiné les données des tests de dépistage du VIH pour estimer l’incidence et la prévalence du VIH de 2010 à 2021. Le risque résiduel de transmission du VIH (soit le risque d’infection qui subsiste, par million de dons) a été calculé à l’aide de techniques de modélisation incluant le taux d’incidence du VIH et le délai de séroconversion (soit la période pendant laquelle il est possible que la nouvelle infection contractée ne soit pas détectée par les tests). Les chercheurs ont également mené quatre sondages anonymes en ligne auprès des donneurs de la Société canadienne du sang, avant et après la mise en œuvre des nouveaux critères d’admissibilité. Chaque sondage a été envoyé à plus de 18 000 donneurs et le taux de réponse a varié entre 33,5 % et 49,7 %. Ces sondages ont permis de rassembler des informations sur les expositions possibles au VIH (consommation de drogues par voie intraveineuse, rapports sexuels avec une personne infectée par le VIH) et donc de voir si les donneurs respectaient les critères d’admissibilité en vigueur au moment de leur don. Les trois premiers sondages s’adressaient à des donneurs hommes. Le dernier sondage (réalisé en 2020-2021, soit deux ans après la mise en œuvre de la période d’attente de trois mois) concernait des donneurs hommes et femmes et a par ailleurs permis de recueillir des données sur l’attitude des donneurs par le biais de questions sur le comportement.
Quelles sont les conclusions de l’étude?
- Le risque résiduel de transmission du VIH est demeuré faible et stable tout au long de la période de dix ans, qui a couvert 10,2 millions de dons et un raccourcissement progressif à trois reprises des périodes d’attentes imposées aux hommes gais, bisexuels et autres HARSAH. Le risque résiduel actuel de transmission du VIH est de 0,05 (intervalle de confiance : 0,001-0,371) par million de dons.
- Les cas incidents d’infection par le VIH étaient extrêmement rares : on en comptait quatre après la mise en œuvre de la période d’attente de trois mois. Ni l’incidence ni la prévalence du VIH n’ont changé avec la modification progressive des critères d’admissibilité.
- Les hommes gais, bisexuels et autres HARSAH n’ont pas déclaré avoir adopté d’autres comportements à risque de contraction du VIH ou d’une nouvelle infection transmissible par transfusion.
- Parallèlement au raccourcissement des périodes d’attente, le nombre d’hommes gais, bisexuels et autres HARSAH admissibles au don a augmenté.
- Les donneurs ont généralement été peu gênés par les questions portant sur leurs activités sexuelles et leurs partenaires sexuels.
Comment utiliser les résultats de cette étude?
Les résultats montrent qu’avec la révision des critères d’admissibilité pour les hommes gais, bisexuels et autres HARSAH, la prévalence et l’incidence du VIH ainsi que le risque résiduel de transmission du VIH dans le système du sang n’ont pas changé et sont restés faibles. D’après les réponses aux sondages, les donneurs connaissent et respectent les critères d’admissibilité. En décembre 2021, la Société canadienne du sang a déposé une demande auprès de Santé Canada, l’organisme responsable de sa règlementation, pour passer à des critères basés sur le comportement pour tous les donneurs, quels que soient leur genre et leur orientation sexuelle, et pour tous les types de collecte de sang. Un tel changement serait la dernière étape vers un don de sang encore plus inclusif, sans que l’innocuité des produits sanguins ou le niveau de l’approvisionnement soient pour autant compromis. Les résultats présentés dans cette étude fournissent des preuves importantes indispensables à l’évaluation de la sécurité dans le contexte de ce changement aux critères d’admissibilité.
À propos de l’équipe de recherche
Cette recherche a été dirigée par Sheila O’Brien, directrice associée du groupe d’épidémiologie et de surveillance à la Société canadienne du sang. L’équipe était composée de membres du groupe d’études et d’élaboration de politiques sur le don de la Société canadienne du sang, soit Niamh Caffrey (associée de recherche principale et auteure principale), Mindy Goldman (directrice médicale, groupe d’études et d’élaboration de politiques sur le don), Lori Osmond (associée de recherche), Qi-Long Yi (biostatisticien principal) et Wenli Fan (associée de recherche).
Le contenu du présent concentré de recherche est tiré de la publication suivante
Caffrey N., Goldman M., Osmond L. et autres : HIV incidence and compliance with deferral criteria over three progressively shorter time deferrals for men who have sex with men in Canada. Transfusion 2022. DOI : 10.1111/trf.16753.
Remerciements : Cette étude a reçu le soutien de la Société canadienne du sang, qui est financée par le gouvernement fédéral (Santé Canada) et les ministères de la santé provinciaux et territoriaux. Les points de vue exprimés dans cette étude ne reflètent pas nécessairement ceux de la Société canadienne du sang ni ceux des gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux du Canada. La Société canadienne du sang tient à remercier tous les donneurs de sang qui ont permis de mener cette étude.
Mots clés : donneur, don, critères d’admissibilité, HARSAH, hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, sécurité, innocuité, sélection, sélection basée sur le comportement sexuel, infection transmissible par transfusion
Pour plus d’informations : Veuillez envoyer un courriel à Sheila O’Brien à sheila.obrien@blood.ca.