Des questions de sélection fondées sur le comportement sexuel : comprendre et atténuer le malaise des donneurs
En bref ...
La plupart des donneurs sont susceptibles de trouver que les questions de sélection fondées sur le comportement sexuel sont compréhensibles et acceptables et de se sentir à l’aise d’y répondre. Néanmoins, les fournisseurs de sang peuvent employer des stratégies pour améliorer la compréhension et le niveau d’aise des donneurs.
Comment les chercheurs ont-ils procédé?
Des courriels de recrutement ont été envoyés à des donneurs de la Société canadienne du sang sélectionnés au hasard qui répondaient aux critères d’inclusion établis. Parmi ceux-ci, quarante donneurs de sang total et de plasma ont été sélectionnés pour des entretiens individuels semi-structurés au cours desquels on leur a posé des questions ouvertes sur leur compréhension de trois questions de sélection fondées sur le comportement sexuel et sur leur niveau d’aise à y répondre :
- Au cours de ces trois derniers mois, avez-vous eu un nouveau partenaire sexuel?
- Au cours de ces trois derniers mois, est-ce que vous et votre partenaire sexuel avez eu des rapports sexuels uniquement l’un avec l’autre?
- Au cours des trois derniers mois, avez-vous eu des rapports sexuels anaux?
Les chercheurs ont analysé les données afin d’évaluer la compréhension des questions par les participants, de déterminer ce qui les rend à l’aise ou mal à l’aise de répondre aux questions et de trouver des stratégies pour atténuer le malaise des donneurs.
Quelles sont les conclusions de l’étude?
Si tous les participants ont déclaré comprendre le sens des trois questions axées sur le comportement sexuel, ils ont estimé que certains termes (par exemple, « rapports sexuels », « partenaire » et « nouveau ») gagneraient à être clarifiés. Tous les participants ont jugé les questions acceptables, et la plupart se sont sentis à l’aise d’y répondre. Le fait que les participants se sont sentis à l’aise ou mal à l’aise par rapport aux questions a été influencé par plusieurs facteurs tels que leurs attentes à l’égard du processus de sélection, les normes sociales qu’ils apportent au don, le fait que leur réponse soit ressentie comme la divulgation d’un renseignement personnel, le fait de savoir pourquoi les questions étaient posées, la confiance dans la confidentialité du processus, leur confiance dans la connaissance du comportement de leur partenaire sexuel et le potentiel de discrimination de la question. À la lumière de ces résultats, les chercheurs suggèrent quatre stratégies pour aider les donneurs à se sentir plus à l’aise : prévenir les donneurs que des questions sur les comportements sexuels seront posées, expliquer pourquoi les questions sont posées, clarifier les termes ambigus et utiliser un questionnaire auto-administré (par exemple, une application Web).
Comment utiliser les résultats de cette étude?
La Société canadienne du sang est déterminée à rendre le don de sang le plus inclusif possible tout en préservant la sécurité de l’approvisionnement en sang. En répondant aux préoccupations relatives au malaise des donneurs et aux répercussions possibles de ce malaise sur la suffisance de l’approvisionnement en sang, les résultats de l’étude appuient la demande faite par la Société canadienne du sang à Santé Canada pour modifier le questionnaire pré-don en y intégrant des questions de sélection axées sur le comportement sexuel.
En fait, l’étude montre que la perte de donneurs due à leur malaise par rapport aux questions posées serait minimale — aucun participant n’a indiqué qu’il cesserait de donner en raison d’un malaise. Certains participants considèrent que les questions de sélection fondées sur le comportement sexuel sont moins discriminatoires que les questions actuelles sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. La plupart des participants n’ont pas perçu l’ajout de ces questions comme un changement important dans leur expérience du don. Cela dit, l’étude indique que des stratégies visant à réduire le malaise potentiel des donneurs doivent être envisagées. Il pourrait s’agir d’une brève explication ajoutée au questionnaire pré-don avant les questions relatives au comportement sexuel, de vidéos explicatives disponibles en ligne et de l’éclaircissement des termes ou des mots utilisés. Les résultats peuvent également servir de base aux plans de communication des fournisseurs de sang et aux plans de formation du personnel concernant la mise en œuvre d’un tel changement.
À propos de l’équipe de recherche
Jennie Haw est chercheuse à la Société canadienne du sang et professeure auxiliaire de recherche au Département des sciences de la santé de l’Université Carleton. William Fisher est un professeur distingué émérite et professeur auxiliaire de recherche en psychologie sociale et psychologie de la personnalité à l’Université Western. Taylor Kohut est professeur auxiliaire de recherche au Département de psychologie de l’Université Western. Hyunjin Woo est étudiante à la maîtrise à l’Institute of Health Policy, Management and Evaluation de l’Université de Toronto et l’auteure du présent Concentré de recherche.
Le contenu du présent concentré de recherche est tiré de la publication suivante
Haw J, Woo H, Kohut T and Fisher W: Sexual risk behaviour questions: Understanding and mitigating donor discomfort. Transfusion 2022; 62(2):355-364. Doi: 10.1111/trf.16755.
Remerciements : Cette étude a reçu le soutien du Programme de recherche sur le don de plasma et les HARSAH, lequel est financé par le gouvernement fédéral (Santé Canada). Elle a également reçu le soutien de la Société canadienne du sang, qui est financée par le gouvernement fédéral (Santé Canada) et les ministères de la Santé des provinces et territoires. Les opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement celles des gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux du Canada. La Société canadienne du sang tient à remercier tous les donneurs de sang qui ont permis de mener cette étude.
Mots clés : donneur, don, critères d’admissibilité, sécurité, sélection, sélection fondée sur le comportement sexuel, infection transmissible par transfusion
Vous voulez en savoir plus? Communiquez avec Jennie Haw par courriel à jennie.haw@blood.ca.