Bulletin électronique
Dans ce numéro
Réduire le risque de cytomégalovirus par la réduction des leucocytes
Aider les hôpitaux à gérer leurs stocks de manière optimale
Dix-huitième symposium annuel en ligne sur la médecine transfusionnelle
En savoir plus sur les 4 essais cliniques FARES2 et FIIRST2
Nouveau centre de ressources numériques pour les patients et les familles des cellules souches
Activités
Dix-huitième symposium annuel en ligne sur la médecine transfusionnelle
jeudi 27 avril 2023 | Virtuelle
Réduire le risque de cytomégalovirus par la réduction des leucocytes
Collaboratrice invitée : Dre Nadine Shehata, directrice médicale, Hôpital Mount Sinaï, Toronto.
Le cytomégalovirus (CMV) est un virus de la famille de l’herpès qui se transmet par contact direct à un jeune âge ainsi que par voie transfusionnelle. On estime qu’environ la moitié des adultes canadiens ont déjà été infectés par ce virus dans leur enfance. Latente tout au long de la vie, cette infection primaire peut entraîner des épisodes subcliniques périodiques de la maladie.
Afin de réduire les risques de transmission du CMV par voie transfusionnelle, l’approche la plus courante consiste à déleucocyter les produits sanguins — p. ex. avec la méthode d’extraction de la couche leucoplaquettaire — et à administrer des produits sanguins (déleucocytés) provenant de donneurs séronégatifs pour le CMV. Bien que cette approche complémentaire fasse l’objet de nombreux débats, de nombreux fournisseurs de sang offrent des produits sanguins à la fois déleucocytés et séronégatifs pour le CMV, puisque le CMV peut représenter un risque significatif de mortalité chez les personnes immunodéprimées. Par ailleurs, il serait inutile de mener une étude pour savoir si l’administration de produits à la fois déleucocytés et séronégatifs pour le CMV permet davantage de réduire les risques de transmission du CMV que l’administration de produits uniquement déleucocytés puisque, compte tenu de la déleucocytation, le risque résiduel de transmission serait minimal et qu’il serait impossible d’atteindre la taille de l’échantillon requis pour démontrer une éventuelle différence. On estime que le risque résiduel de transmission du CMV associé aux produits sanguins déleucocytés est comparable au risque résiduel de transmission des virus des hépatites. Grâce à leur modèle d’estimation du risque résiduel de transmission du CMV associé à la transfusion de globules rouges et de plaquettes uniquement déleucocytés en Australie, Seed et ses collègues estiment que ce risque résiduel s’élève à 1 sur 13,6 millions – 1 sur 7,8 millions (IC à 95 % : 1 sur 7,7–1 sur 9,9) pour la transfusion de globules rouges, et à zéro (IC à 95 % : 0–1 sur 1,1 million) pour la transfusion de plaquettes1, ce qui est comparable aux risques résiduels de transmission des virus de l’hépatite C (1 sur 12,6 millions de dons) et de l’hépatite B (1 sur 7,5 millions de dons) au Canada.2
Auparavant, les produits sanguins séronégatifs pour l’IgG anti-CMV étaient également utilisés comme moyens de réduction des risques de transmission du CMV. Or, l’innocuité des produits séronégatifs pour l’IgG anti-CMV était également débattue, puisque c’est l’ADN du CMV, et non sa sérologie, qui est indicateur de l’infectivité. Dans une étude impliquant des donneurs, l’ADN du CMV a été retrouvé dans des échantillons de plasma de 44 % de donneurs nouvellement séropositifs pour le CMV (12 % à 62 %, en fonction du temps écoulé depuis le dernier don séronégatif pour le CMV), mais pas dans les échantillons de plasma des donneurs qui étaient séropositifs au CMV depuis au moins un an. Ce qui suggère peut-être que le risque est plus élevé avec les donneurs séronégatifs s’ils sont exposés au CMV.3
Selon la Dre Nadine Shehata, directrice médicale du laboratoire de médecine transfusionnelle de l’hôpital Mount Sinaï de Toronto, aucun produit sanguin séronégatif pour l’IgG anti-CMV n’a été commandé depuis 2013 pour des personnes enceintes — dont de nombreuses personnes atteintes d’anémie falciforme ayant nécessité l’échange de globules rouges (2 à 10 unités par mois) — ou pour des nouveau-nés, dont les prématurés et ceux présentant un faible poids à la naissance. Malgré la décision, en 2017, de réserver l’administration de produits sanguins séronégatifs pour le CMV à la transfusion intra-utérine au Canada, des produits sanguins non testés ou séropositifs pour le CMV ont tout de même été utilisés pour des transfusions intra-utérines d’urgence. Compte tenu de l’absence de commandes de produits sanguins séronégatifs pour le CMV pour les personnes enceintes et les nouveau-nés, de l’utilisation ponctuelle récente de produits non testés ou séropositifs pour le CMV pour les cas de transfusions intra-utérines urgentes et de récentes discussions avec les parties intéressées, la politique a été modifiée afin d’accepter la transfusion intra-utérine de produits sanguins déleucocytés non testés pour le CMV.
Le Dr Gwen Clarke, médecin-conseil à la Société canadienne du sang, ajoute qu'un autre avantage important de ce changement est la capacité accrue de fournir à la mère des globules rouges appariés au phénotype lors de la sélection des composants érythrocytaires pour la transfusion intra-utérine, ce qui peut prévenir une allo-immunisation supplémentaire due à l'exposition aux globules rouges au moment de la transfusion intra-utérine.
Références
- Seed CR, J, Polizzotto MN, Faddy H, Keller AJ, J Pink J. The residual risk of transfusion-transmitted cytomegalovirus infection associated with leucodepleted blood components. Vox Sang 2015 Jul;109(1):11-7. doi: 10.1111
- O’Brien SF, Yi Q-L, Fan W, Scalia V, M, Fearon, MA. Residual risk of HIV, HCV and HBV in Canada. Transfus Apher Sci 2017 Jun;56(3):389-391. doi: 10.1016/j.transci.2017.03.010
- Ziemann M, Krueger S, Maier AB, Unmack A, Goerg S, Hennig H. High prevalence of cytomegalovirus DNA in plasma samples of blood donors in connection with seroconversion. Transfusion. 2007; 47: 1972-1983
Aider les hôpitaux à gérer leurs stocks de manière optimale
L’avis de phase jaune lancé en décembre 2022 a mis en exergue la nécessité de disposer de l’ensemble des données des hôpitaux concernant leur utilisation et le niveau de leurs réserves de produits sanguins. Comment utiliser la demande moyenne de CGR par jour (DMCGRJ) et l’indice des réserves pour gérer au mieux vos réserves en phase verte (phase normale)?
« Quand j’ai débuté en tant que technologue en chef, la Société canadienne du sang m’a rappelé qu’il était important que je surveille le nombre d’unités de produits sanguins utilisés afin que l’organisation puisse établir des prévisions, se rappelle Heather McMahon, technologue en chef, Transfusion sanguine, Services de laboratoire, Centre régional des sciences de la santé Royal Victoria, à Barrie (Ontario). Lorsque le Réseau régional ontarien de coordination du sang a sorti son outil de calcul des réserves, j’ai commencé à me servir de cet outil pour déterminer les niveaux cibles des réserves de globules rouges en phase verte, en phase jaune et en phase rouge — pour notre plan d’urgence de gestion des réserves de sang. Je faisais cela chaque année à l’aide des données sur l’utilisation des produits sanguins dans les douze derniers mois. C’est un outil fiable et facile à utiliser. La version actuelle fournit une estimation des niveaux cibles pour des réserves à un, deux, cinq, huit et dix jours. »
Avant la visite de la Société canadienne du sang et du Réseau régional ontarien de coordination du sang dans notre établissement en novembre 2022, j’ai passé en revue les chiffres sur l’utilisation des produits sanguins qu’ils avaient envoyés et j’ai noté une baisse de l’utilisation des culots globulaires en 2021 par rapport aux deux années précédentes. Grâce à l’outil de calcul des réserves, nous avons pu ajuster le niveau de nos réserves. Il y avait, en effet, une baisse notable du nombre d’unités de culot globulaire dans nos réserves ordinaires, qui était passé de 111 à 101. Dans mon calcul, j’ai également pris en compte la distance à laquelle se trouve le centre de distribution de la Société canadienne du sang (86 km) — en particulier pour nos réserves de culot globulaire O —, le nombre d’unités périmées, le nombre de commandes ordinaires livrées par semaine, et le fait qu’en tant qu’hôpital régional, nous pouvons être amenés à fournir, en cas d’urgence, des unités à d’autres établissements étant donné les délais de livraison des commandes prioritaires.
Le Comité national d’urgence pour la gestion des réserves de sang (CNUGRS) utilise les données sur l’utilisation et les niveaux quotidiens des produits sanguins que les hôpitaux envoient à la Société canadienne du sang pour comprendre l’état en cours des réserves des hôpitaux et de la Société canadienne du sang lors d’une pénurie, comme cela était le cas lors de la phase jaune. Pour calculer la demande moyenne de CGR par jour (DMCGRJ) pour un hôpital donné, c’est-à-dire le nombre d’unités de culots globulaires transfusés + le nombre d’unités de culots globulaires mises au rebut ÷ 365 jours, la Société canadienne du sang nécessite les données d’utilisation des douze derniers mois consécutifs. Le calcul de l’indice des réserves, c’est-à-dire le nombre en cours d’unités ÷ la DMCGRJ, nécessite quant à lui le nombre en cours d’unités en réserve et la DMCGRJ. Ainsi, en l’absence de données actualisées, ces marqueurs ne peuvent pas être calculés et il est impossible de les utiliser pour comprendre si la tendance évolue vers une autre phase — phase rouge ou phase de retour à la normale. Le CNUGRS a identifié le manque de données sur l’utilisation et le niveau des réserves de produits sanguins de certains hôpitaux dans plusieurs provinces comme une lacune. Il est donc important pour tous les hôpitaux d’envoyer des données à jour régulièrement, et comme cela est préconisé dans les avis sur l’état des réserves, afin qu’ils puissent évaluer l’état de leurs réserves en temps et en heure, et que celui-ci puisse être actualisé en fonction de leurs propres données, comme cela a été démontré dans l’exemple ci-dessus.
Dix-huitième symposium annuel en ligne sur la médecine transfusionnelle
Organisé par la Société canadienne du sang et le Réseau régional ontarien de coordination du sang, le symposium a pour but de rehausser les compétences en transfusion, l’objectif ultime étant d’améliorer l’issue thérapeutique des traitements administrés aux patients. Le symposium est ouvert à tous les professionnels de la santé qui participent au processus de commande, de délivrance ou de transfusion de sang et de produits sanguins : médecins, infirmières, technologues, résidents, stagiaires et autres étudiants.
Le symposium de cette année se penchera sur le rôle essentiel de produits sanguins autres que les globules rouges. Intitulé Bloody Well Prepared: Optimizing the Safety of Transfusion for Hemostasis, le symposium prendra la forme d’un webinaire d’une demi-journée et aura lieu le jeudi 27 avril 2023.
« En médecine transfusionnelle, on accorde, à juste titre, beaucoup d’attention aux globules rouges — typage, dépistage des anticorps, crossmatch —, mais pour le symposium de cette année, nous mettons l’accent sur “l’équipe de soutien” des produits sanguins : remplacement du fibrinogène, concentrés plaquettaires et plasma. Ces produits sont utilisés pour gérer — et prévenir — les hémorragies. Des experts discuteront de l’utilisation moderne de ces produits et feront le point sur une évolution à laquelle travaille la Société canadienne du sang. Notre objectif est de mieux faire connaître l’utilisation clinique de ces produits et les travaux en cours pour accroître leur innocuité », explique le Dr Johnathan Mack, médecin-conseil de la Société canadienne du sang et coprésident du comité organisateur du symposium.
Le webinaire comprendra des présentations de la Dre Michelle Zeller, de l’Université McMaster, sur les plaquettes à charge pathogène réduite; du Dr Andrew Petrosoniak, du Centre des sciences de la santé Sunnybrook, sur le remplacement du fibrinogène; et de la Dre Kathryn Webert, de la Société canadienne du sang, sur le plasma traité au solvant-détergent.
L’inscription est gratuite. Le symposium est reconnu comme une activité de formation médicale continue par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et le Collège des médecins de famille du Canada.
En plus des séances du matin et de l’après-midi du 27 avril, nous avons le plaisir d’offrir un atelier technique pour les laboratoires de médecine transfusionnelle de l’Ontario. L’inscription est obligatoire et doit être effectuée d’ici le 20 mars 2023 pour donner le temps aux participants de recevoir les documents relatifs aux cas. Les discussions sur les cas auront lieu le mercredi 26 avril. Pour vous inscrire, veuillez aller à Événements - Transfusion Ontario.
Pour toute question, veuillez contacter Amanda Nowry, à amanda.nowry@blood.ca, ou Tracy Cameron, à tcameron@ohri.ca.
En savoir plus sur les 4 essais cliniques FARES2 et FIIRST2
Deux essais cliniques en cours pourraient intéresser nos lecteurs. En effet, les résultats de ces deux essais cliniques, qui devraient se terminer fin 2024, pourraient influencer la demande et l’utilisation futures du plasma congelé.
Le premier essai clinique (FARES-2) compare un traitement hémostatique à base d’un concentré de complexe prothrombique de quatre facteurs (Octaplex) avec l’administration de plasma congelé chez les patients subissant une opération cardiovasculaire. Partiellement financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), cet essai est mené au Canada et aux États-Unis. Les inscriptions ont débuté en octobre 2022, avec un objectif d’environ 500 patients, et l’essai devrait prendre fin en octobre 2024. En fonction des profils risques-avantages associés à ces deux traitements, il se pourrait qu’à l’avenir, on connaisse une baisse de la demande de plasma congelé pour les personnes devant subir ce type d’opération. Au Canada, les hôpitaux participants sont l’Hôpital Royal Columbian, l’Hôpital général de Vancouver, l’Hôpital général de Kingston, le Centre des sciences de la santé de London, le Centre des sciences de la santé d’Hamilton, le Centre des sciences de la santé Sunnybrook, l’Unité de la santé de l’hôpital St Michael’s, l’Hôpital général de Toronto – Réseau universitaire de santé, l’Hôpital d’Ottawa, l’Institut de cardiologie de Montréal et l’Institut Universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. Aux États-Unis, les hôpitaux participants sont le Duke University Hospital et l’Oklahoma Health Sciences Center.
Le second essai clinique s’intitule « Factors in the Initial Resuscitation of Severe Trauma 2 » (FiiRST–2). Il a pour but de comparer l’administration d’un concentré de complexe prothrombique et d’un concentré de fibrinogène au protocole standard administré en cas d’hémorragie massive impliquant la transfusion de plasma congelé chez les victimes d’accidents présentant un risque d’hémorragie massive afin de déterminer si les résultats sont supérieurs. Cet essai est également partiellement financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Les hôpitaux canadiens participants sont l’Hôpital général de Vancouver, le Centre des sciences de la santé Sunnybrook, le Centre des sciences de la santé d’Hamilton, le Centre des sciences de la santé de London et l’Hôpital St Michael’s. L’étude devrait se terminer en janvier 2024.
Nouveau centre de ressources numériques pour les patients et les familles des cellules souches
Pour les patients en attente d’un donneur de cellules souches, l’attente est toujours difficile, et chaque patient, chaque famille, la vit à sa manière. Dans certains cas, les patients et leur famille utilisent ce temps pour inciter les gens à s’inscrire à notre registre de donneurs de cellules souches. Bien qu’il soit peu probable qu’un patient trouve son propre donneur non apparenté — et on ne s’attend pas à ce que les patients trouvent leurs propres donneurs —, ces efforts donnent de l’espoir à tous ceux qui attendent une greffe.
Nous avons donc conçu des ressources pour aider les patients et leur famille à :
- organiser leur propre campagne de recrutement;
- partager leur histoire avec nous;
- diffuser leur message dans les médias et sur les réseaux sociaux;
- lancer une campagne combinée de recrutement de donneurs et de collecte de fonds.
Vous pouvez partager les deux histoires de patients déjà disponibles et rester à l’affût de nouvelles histoires en retournant régulièrement sur ce portail. Utilisez le mot-dièse #CellulesSouchesPourLaVie (#StemCellsForLife) et identifiez-nous @CanadasLifeline. Identifiez aussi des amis et encouragez-les à partager les histoires en utilisant le même mot-dièse.
Suivez la Société canadienne du sang sur Twitter, Facebook, LinkedIn, Instagram et TikTok, et partagez ses publications sur vos réseaux.
Si vous connaissez quelqu’un en attente d’une greffe de cellules souches, parlez-lui de nos nouvelles ressources en ligne et transmettez-lui le lien qui lui permettra de nous raconter son histoire.
Que deviennent les dons de sang ?
En tant que médecin, la Dre Siobhan Deshauer est très consciente de l’importance des dons de sang et de plasma, un composant du sang utilisé pour fabriquer des médicaments. Elle a voulu savoir quel effet cela faisait de donner du sang et quel traitement subissaient les dons de sang avant de pouvoir être utilisés pour sauver des vies.
Le sujet était idéal pour sa chaîne YouTube, Violin MD, où elle donne à ses 900 000 abonnés un aperçu du monde de la médecine (parfois accompagnée d’une musique de violon, un instrument dont elle jouait professionnellement avant de devenir médecin).